mardi 19 mai 2009

Rabia Jabrane : la voix chantant la générosité

Une voix à la fluidité sans conteste, une voix de soprano glissant lentement, accaparant bien malgré vous votre attention : c’est ce que l’on reçoit lorsque la voix de la chanteuse Rabia Jabrane vous atteint. Une voix qui vous emporte, une voix qui réchauffe l’âme. Nous dirons même « cantatrice » (motriba en arabe) parce qu’elle est cela, en effet, dans le registre modal du Maghreb et du Proche-Orient arabe. 

Lorsque Arabian People & Maghrebian World a interviewé par téléphone Rabia Jabrane, la chanteuse marocaine a donné, à notre demande et en a cappella, un mini concert avec un mawwal (ou Istikhbar) – pour les néophytes, il s’agit d’un préambule vocal accompagnant très souvent les pièces classiques de la musique arabe comme le muwashshah arabo-andalou dont les origines remontent au XIe siècle de l’Espagne musulmane.
La magie s'était, de nouveau, opérée à l'écoute de cette voix superbe, cristalline, toute en fine puissance et pleine d'émotions allant crescendo au fur et à mesure que Rabia Jabrane lançait son mawwal, qu'elle fera suivre d'une pièce maîtresse du répertoire d'Oum Kalthoum, la grande cantatrice égyptienne.

Rabia Jabrane
n’est pas une inconnue du public marocain et français et sera citée à plusieurs reprises dans la presse française. En formation musicale au conservatoire Moulay Rachid de Casablanca, elle a appris le chant selon le difficile art de la « répétition » qui suppose une oreille musicale très performante. Son apprentissage s’est poursuivi ensuite au Conservatoire municipal du boulevard de Paris, toujours à Casablanca. Sur les personnalités du monde musical, elle nous confie : « les compositeurs qui m’ont le plus marquée, sont les Rehbanis, Qasabji, Al-Mouji et autres qui ont composé pour les grands chanteurs et chanteuses comme Fairouz, Oum Kalthoum, Asmahane ».
Cependant, l’artiste rend aussi un hommage aux compositeurs et aux chanteurs marocains et avoue aimer chanter le répertoire de Brahim Lalami, Futh, Mati Ben Kacem, la grande Naïma Samih à la voix si prenante, Ahmed Jebrane et d’autres noms qui ont une large audience au Maroc.

Dans son milieu familial, « je suis la seule dans la famille qui le pratique, sachant quand même que mon père et ma mère aussi ont une belle voix, quand on les écoute psalmodier ou lire le Coran », nous dit-elle en parlant du chant.

C’est au Complexe culturel Moulay Rachid et au Complexe culturel Maarif de Casablanca que Rabia Jabrane se révèlera au public avec un premier concert. Mais sa carrière prend son essor dès son installation dans le sud de la France, en 1999, où elle fera un enregistrement avec une pianiste de jazz. C’est dire le large répertoire de la jeune cantatrice.
En 2002, elle se produira sur scène, à Angers, avec son premier groupe instrumental (piano, violon, flûte et percussion), avec le répertoire de la cantatrice libanaise Fairouz et en 2005, avec son groupe Meskalyl ('oud, nay et percussion) , elle donnera un récital de muwashshah. Par la suite, plusieurs concerts s'enchaînent : à Paris, en mai 2007, où elle inaugurera un nouveau style mélangé d’oriental et d’occidental lors du 6ème Festival « Femmes du monde » ; puis en Corse dans le cadre d’une rencontre avec la chaîne de télévision France3 ; en Italie à l’occasion du Festival de l’Andalousie et, tout récemment, en mai de cette année, à l’Abbaye de Saint-Florent-le-Veil (non loin d’Angers et de Nantes) où elle interprètera du muwashshah.

Rabia Jabrane
poussera plus loin son amour pour le chant, car elle est non seulement une cantatrice, elle est aussi généreuse et donne de cette passion à qui le veut. Ainsi, en est-il de concerts et d’ateliers d’initiation au chant oriental dans les prisons de femmes et d’hommes de Rennes et de Nantes ; ainsi en est-il des concerts dans les camps des réfugiés Palestiniens au Liban. L’artiste travaille aussi avec des enfants en ateliers d’initiation au chant comme elle le fera, le 30 mai prochain, au cours de la 6e édition de « Jardi’n’Jazz » organisée par l’association culturelle Trempolino de Nantes. Cette manifestation consacrera une large partie de son programme aux cultures du Maghreb : Rabia Jabrane s’attellera à un travail de chant avec des enfants pour accompagner des contes et à un atelier destiné à faire travailler le chant au public présent, chant que celui-ci interprètera ensuite. Enfin, ce mercredi 20 mai, elle initiera les élèves du lycée Europe de Cholet au chant oriental, en même temps qu’elle donnera un mini-concert pédagogique.

Pour les Parisiens qui souhaitent l'entendre, l'artiste se produit de temps à autre, le samedi, à La Rose de Damas à Paris (152, boulevard du Montparnasse - 75014 Paris).

Date à retenir : Jardi’n’Jazz, le 30 mai 2009, à Nantes.

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