mardi 13 octobre 2009

Jean Sénac : en vie, toujours ...

Le 19e Salon de la Revue, qui se déroulera les 16, 17 et 18 octobre 2009, au cœur du Marais (quartier historique du 4e arrondissement de Paris), marquera cette triple rencontre par la "re-découverte" de Jean Sénac, poète algérien d'origine française : "Jean Sénac, corps-poème des deux rives".

Sur le parcours tourmenté de Jean Sénac, l'une des figures les plus emblématiques de la poésie avant-gardiste de la fin de l'Algérie coloniale et des deux premières décennies de l'Algérie indépendante, Guy Dugas (professeur à l'université de Montpellier, France) écrira "Viendra enfin "le temps des saboteurs", le temps du doute et des désilllusions, la cave sans échappée vers la lumière, ce sentiment d'être maudit, refusé par ceux-là même que le poète s'était choisis comme frères" (in Jean Sénac. Visages d'Algérie, documents réunis par le journaliste Hamid Nacer-Khodja, parution EDIF 2000 /Paris Méditerranée).
Le grand poète mourra assassiné en 1973, à Alger. Toute la jeune poésie de l'époque sera marquée par le deuil, car sa voix et son regard comme hanté ne feront plus partie du paysage chaotique mais opiniâtre des convictions des poètes d'alors, puis de beaucoup de l'Algérie d'aujourd'hui.

La revue Algérie Littérature / Action consacre 70 pages d'inédits de Jean Sénac. Seront présents Jacques Miel, son fils adoptif, Hamid Nacer-Khodja, disciple et spécialiste de l'œuvre, Christiane Chaulet-Achour et Marie Virolle, universitaires. Des textes du poète seront lus par Dominique Le Boucher.

Arabian People & Maghrebian World
a retenu pour ses lecteurs ce magnifique poème dédié à Baya, une grande peintre algérienne :


Matinale de mon peuple

Tu disais des choses faciles

Travailleuse du matin
La forêt poussait dans ta voix
Des arbres si profonds que le coeur s'y déchire
Et connaît le poids du chant
La tiédeur d'une clairière
Pour l'homme droit qui revendique
Un mot de paix
Un mot de notre dimension
Tu tirais de sa solitude
Le rôdeur qui te suit tout pétri de son ombre
Celui qui voudrait écrire comme tu vois
Comme tu tisses comme tu chantes
Apporter aux autres le blé
Le lait de chèvre la semoule
Et si dru dans le coeur et si fort dans le sang
La bonté de chacun
Le charme impétueux des hommes solidaires
Parle ô tranquille fleur tisseuse de promesses
Prélude au sûr réveil de l'orge
Dis que bientôt l'acier refusera la gorge
Bientôt le douar entamera la nuit
Tu m'apprends à penser
A vivre comme tu es
Matinale arrachée à l'obscure demeure.
(in Consciences algériennes, n° 1, déc. 1950, Alger)
Rendez-vous le 17 Octobre à 14 heures Salon de la Revue Espace Blancs Manteaux 48, rue Vieille du Temple 75004 Paris (Métro Hôtel de Ville)

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