mercredi 13 avril 2011

Isam Alsadi : quand le poème ressemble à son auteur


Par Monia Boulila

Isam Alsadi est un poète Jordanien, d’origine palestinienne, natif du village Arbouna, près de Jenine (Palestine).

C’est en Syrie qu’il fait ses études et sortira Licencié en Ingéniorat de l’Université d’Alep, ville très réputée dans le monde arabe et maghrébin sur le plan culturel et universitaire.
Entre 2002 et 2004, il intègrera l’Union syndicale des Ingénieurs et deviendra président du Club des Ingénieurs Jordaniens.

Cependant, au-delà de son parcours en tant qu'ingénieur, Isam Alsadi est surtout homme de culture et poète. Et non des moindres. C’est d’ailleurs pour cela qu’il sera appelé à présider, en 2000 et 2001, le Festival de la culture et des arts de Mu'tah (Jordanie).

Entretemps, plusieurs de ses poèmes sont publiés dans des journaux et revues jordaniens et arabes. Certains ont été traduits en français et en roumain, d’autres ont fait l’objet de publications électroniques.

Isam Alsadi  a participé à plusieurs manifestations culturelles et de poésie aussi bien dans le monde arabe qu’en Europe, comme notamment le festival Noptile de Poezie de la Curtea de Arges (Roumanie) en 2009.

Pour le poète (1), l’écriture est plus qu’un sens scriptural de son propre imaginaire ou de ce que son regard capte, elle « est une eau avec laquelle on se lave pour être digne de la vie ». Belles paroles de cet auteur qui a une foi pleine de dévotion – par-delà ses géniteurs- pour cette « mère » cachée mais dont le lecteur devinera bien le nom. Point n’est besoin de la nommer. Pour les uns, comme l’autre, il écrira en ce sens : « Je ne suis que le fils d’un père qui m’a ouvert les fenêtres de l’imaginaire quand le réel s’est rétréci ; et le fils d’une femme qui, par amour, m’a enfermé dans ses arcs et m’a éduqué d’avec le bâton de sa tendresse... j’étais alors un fils vertueux quelquefois, et je les ai déçus, d’autres fois... ».

De ses publications, on retiendra Suffoquer de nostalgie, un recueil de poésie qui a été publié par les éditions Azmina (Jordanie) et Pour ma mère, à ses yeux et aux chevaux, un autre recueil poétique publié au Liban.

Image
A propos d’un enfant qu’on peut appeler Mohammed Dorra

- 1-
Son sang est visible…

-2 -
Et l’innocence près de la barricade de son genou
Est visible

-3-
Il n’était pas encore prêt
Pour rassurer sa mère quand elle crie
Il ne s’est pas excusé auprès des rues
Quand elles se requerront des éraflures qui ont fait ses pas sur le trottoir

Il n’a pas rendu à la fille des voisins sa mèche de cheveux
Ni son jouet, qui a dormi la veille
Dans ses rêves

Il n’a pas écrit son cahier de dictée
Pour faire rimer le « y » dans Fedayin,
Et pour épeler le Gaza des noms,
Le jour où elle deviendra
Emblème de la carte

-4-
Il n’a pas quitté les enceintes
de la poitrine de son père…

-5-
Il fermait les boutons des ses veines
Au fleuve des balles
Ses rêves jouaient avec
Des papillons et un cerf-volant

Tel un poussin de colombe -
Il s’endormait sur les paumes de ses mains
Et il s’éveillait comme le ferait une colombe

Avec douceur
Avec douceur
Il s’effraye lorsqu’une colonne de soldats
Brise les miroirs du crépuscule

-6-
C’était un enfant
Comme nous l’avons vu
Et comme nous l’avons vu tous
Il est devenu des restes en lambeaux.
(Trad. de Monia Boulila)

...صورة

- 1 -
...دمه واضح

- 2 -
والبراءة عند متراس ركبته
...واضحة

- 3 -
لم يكن جاهزا كي
يطمئن أمه إذ تصيح

لم يعتذر للشوارع
إذ ستسأل عن خمش أقدامه للرصيف

لم يعد لإبنة الجيران خصلتها
ولا لعبتها التي نامت
مساء الأمس في أحلامه

لم يسطر دفتر الإملاء
كي يزن الهمزة في إسم الفدائي
وكي يتهجى غزة الأسماء
إذ تصبح رمز الخارطة

- 4 -
...لم يفارق أسوار صدر أبيه

- 5 -
كان يغلق أزرار شريانه
دون نهر الرصاص
وتعبث أحلامه
بالفراش وطائرة من ورق
كان يغفو – كما ينبغي لفرخ حمام – على
بطن كفيه
ويصحو
كما ينبغي للحمام
وادعا
وادعا
ويجفل حين يهشم رتل
الجنود مرايا الشفق

- 6 -
كان طفلا
كما قد رأينا...
وصار
كما قد رأينا جميعا
بقايا مزق
 __________________________
(1) http://isamalsadi.maktoobblog.com/

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