dimanche 29 avril 2012

Théâtre : « Les carnets du sous-sol » de Dostoïevski, une adaptation de Yacine Benyacoub (1ere partie)




Le Sous-sol, l’adaptation des « Carnets du sous-sol » de Dostoïevski, sera jouée, le 25 mai prochain, à l’Institut français d’Annaba. Cette adaptation est signée Yacine Benyacoub, avec une co-mise en scène de l'auteur et de Khalil Kabouche.

Yacine Benyacoub a bien voulu en parler à Arabian People & Maghrebian World, via un réseau social très connu (très pratique dans les cas d’éloignement) que la Rédaction présente en deux parties.

La pièce

Yacine Benyacoub : La première fois que je l’ai lue, je devais avoir 19 ans, bien avant de découvrir le théâtre, elle m’avait déjà bouleversé. Des années plus tard, je m’aperçois en la relisant qu’elle a un intérêt théâtrale indéniable, déjà de par sa forme où les idées exposées sont presque mises en scène par l’auteur lui-même. Le lieu, ce Sous-sol obscur où tout se passe, et ce personnage : un maniaco-dépressif qui rumine depuis 20 ans, expose des idées d’une lucidité effrayante et nous oblige à nous confronter sans cesse à notre propre vérité : «Je n’ai fait autre chose dans ma vie que de pousser jusqu’au bout ce que vous autres n’osiez terminer qu’à moitié, tout en appelant sagesse votre lâcheté et en vous consolant ainsi par des mensonges. Si bien que je suis peut-être encore plus vivant que vous». 

Nous le suivrons notamment dans ces souvenirs de jeunesse où l’amour vers lequel il tend, et qui lui est accordé, lui devient insupportable. Nous avons affaire à un être paradoxal comme Dostoïevski sait si bien les peindre. Et c’est un bonheur de chaque instant que de parcourir ses mots chargé d’une vie extraordinaire.

Le sous-sol est un court roman de Dostoïevski publié en 1864 alors qu’il vient de perdre femme et frère, il a 43 ans. Dans cet état de désespoir, il écrit dans sa correspondance : «Voilà que tout d’un coup, je me suis trouvé seul ; et j’ai ressenti de la peur. C’est devenu terrible ! Ma vie est brisée en deux. D’un côté, le passé avec tout ce pour quoi j’avais vécu, de l’autre, l’inconnu sans un seul cœur pour me remplacer les deux disparus. Littéralement, il ne me restait pas de raison de vivre. Se créer de nouveaux liens, inventer une nouvelle vie ? Cette pensée seule me fait horreur.»


La complexité du personnage que Dostoïevski peint dans cette œuvre lui ressemble beaucoup, son écriture, sa pensée, son état lorsqu’il écrit. Toutes ses œuvres portent le signe de ce tourbillon mais Le sous-sol est un condensé de cette tempête intérieure, et pourtant très peu connu du public. 

Yacine Benyacoub - Photo de Kahina Aït Saïd (Reproduction interdite).
J’ai donc mis six mois à écrire cette adaptation. Je voulais en faire une pièce qui n’aurait ni début ni fin et que le public viendrait visiter comme on visite un appartement et s’en aller ensuite, sans applaudissements ni confrontation avec le comédien, simplement s’en aller et laisser ce personnage continuer à vivre… revenir un autre jour et assister à d’autres idées développées… un spectacle de huit heures environs, fragmenté en plusieurs parties espacées dans le temps sur une dizaine de jours peut-être. 

Le spectacle que nous donnerons en mai durera une heure, il sera le reflet d’une certaine idée que je me fais du
Sous-sol, pas vraiment un résumé car c’est impossible, mais une vision personnelle de cet être touchant doté d’une intelligence maladivement développée. 


Représentation, le 25 mai 2012, à l'Institut Français d'Annaba à 18h00
Adaptation à la scène et interprétation : Yacine Benyacoub
Mise en scène : Yacine Benyacoub et Khalil Kabouche
Scénographie : Yacine Benyacoub
Direction d'acteur : Khalil Kabouche
Costume : Atef Berredjem
Conception de l'affiche : Mahfoud Yacef
Institut français d'Annaba
8, boulevard du 1er Novembre 1954
Tél. : +213 (0) 38 86 45 40 / +213 (0) 38 80 22 59
E-mail : contact@ccfannaba.org
Billetterie : ouverte 45 mn avant la représentation

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