Par Z. M.
… s’il nous était venu à l’esprit de nous rendre au salon du livre de Paris, nos pas nous auraient invariablement dirigés vers les stands du monde maghrébin et arabe. Seulement voilà, côté algérien, ce fut du neuf avec du vieux pour certains ouvrages, comme les beaux livres, (Laghouat la saharienne, Tlemcen ou Constantine, cités pleines d’histoire). Des livres sur l’émir Abdelkader, sur la guerre d’Algérie, sur la politique. Des romans, bien sûr, des poèmes comme d’habitude, mais cette fois-ci pratiquement pas de bandes dessinées. Quelques livres de contes pour enfants et des livres de recettes en veux-tu en voilà !
Une nouveauté toutefois : des classiques réédités par des maisons d’édition algériennes, comme Le petit prince, Notre-Dame de Paris, L’appel de la forêt ou la Princesse de Babylone de Voltaire, pour ne citer que ceux-là pour le prix de 15 €, une fortune en Algérie alors qu'ils sont en format de poche et que l'on peut trouver ces livres pour à peine 2 €, voire les télécharger gratuitement sur des sites...

La maison d’édition Dalimen (Algérie) a créé une maison d’édition à Paris, représentée par un petit stand indépendant du grand stand de l’Algérie et où l’on trouvait des ouvrages consacrés à la langue tamazigh.
Par ailleurs, Kamel Daoud a dédicacé son livre Meursault contre-enquête au stand des éditions Actes Sud mais l’édition algérienne de ce roman ne se trouvait pas sur le stand de l’Algérie. Amin Zaoui, qui avait dédicacé son dernier roman Le miel de la sieste paru aux éditions Barzakh, au Maghreb du Livre en février dernier, n’était pas présent, en revanche, au salon du livre.

En ce qui concerne les stands marocain et tunisien, ils n’étaient guère plus riches ou plus diversifiés
Quant aux éditeurs du Moyen-Orient arabe. Que dire ? Tout d’abord, le stand de l’Arabie Saoudite était « indécent » par sa taille, dans la mesure où il n’y avait aucun ouvrage « culturel » que la personne férue de bons livres est en droit d’attendre. Les mêmes ouvrages étaient multipliés à l’infini. Beaucoup de « beaux » livres, des Corans, des ouvrages religieux ou sociologiques, mais rien qui nourrit vraiment l’esprit ou l’enrichit (nonobstant le volet spirituel). Le seul endroit où les gens étaient en file d’attente, c’était les tables où des calligraphes écrivaient gratuitement les prénoms à la demande. Purement ludique, sans plus. Le stand du Qatar n’était pas mieux nanti et les ouvrages ne différaient pas beaucoup de ceux de l’Arabie Saoudite. Celui d’Oman présentait plutôt des ouvrages centrés sur le tourisme et l’histoire et il faut s’accorder à dire que les représentants étaient si sympathiques qu’ils vous faisaient oublier ce « vide » littéraire dans le sens vrai du terme ! Le Liban (sous l’égide du ministère de la Culture) portait surtout la griffe de Tamyras, maison d’édition en ascension, dont les titres présentent des domaines variables, allant du livre grand public au roman comme Celle que tu es devenue de Nayla Aoun Chkaiban.

Bien évidemment, l’on connaît les raisons profondes. Le livre est danger, le roman et la poésie sont danger, l’écrivain est danger car c’est par lui que vient la libération de la pensée…