dimanche 24 janvier 2016

Hédi Kaddour : Les Prépondérants ou une femme du nouveau monde




Intéressant. Que l'on veut lire sans interruption. Dense dans l’écriture. Malgré une certaine gaucherie, voire une légère lourdeur dans le phrasé ou dans les expressions : « Il avait voulu être discret, faire un sacrifice nocturne, un peu honteux ». Nous aurions préféré que le « un peu honteux » ne vienne pas se nicher en fin de phrase. Ou encore « des formules à voix hésitante », là où un professeur aurait préféré « des formules d’une voix hésitante ». 
Mais nous nous interdisons une intrusion qui desservirait un romancier de l’envergure de Hédi Kaddour et ce ne sont là que des détails, à peine perceptibles. Nous aimons ces Prépondérants, attachants et tellement prétexte à une épopée. 
Le roman – la chronique – vous fait immerger profondément dans cette ville d’une époque coloniale encore présente, sortie de l’imaginaire de l’auteur et ô combien nous aurions voulu la toucher : chaque scène, chaque 'regard' est lourd de sens, de sentiments contenus, délivrés au fil des mots.  

Pour une petite mise en bouche, ces réflexions de Rania, le personnage féminin et principal : « … elle dépassait le champ, portait son regard au loin, vers une coupole blanche de marabout qui marquait la limite nord du domaine, elle longeait aussi des herbes folles… ahdâth al-yaoum mithla l’hachâ’ich… les événements du jour sont comme des herbes folles… ma vie n’a plus d’herbes folles… je vis dans deux prisons, la deuxième, ce sont les parois de mon cœur, se faire des herbes folles au fond du cœur… je lui ai écrit une lettre et tout est dans sa main, avec mes larmes… je n’ai pas envoyé cette lettre… je l’ai brûlée, j’étais comme cette feuille devant la flamme, se rétractant… il faut cacher… l’amour qui se montre est en péril. Elle se réprimandait, s'empêchait de rêver, entre rêves et pensées. Quand un peu de pluie tombait, elle s'arrêtait, guettant au-dessus des bords rougeâtres de l'oued l'arrivée d'un arc-en-ciel, les paysans appelaient ça 'ars addîb, les noces du chacal.»


Aux éditions Gallimard.

lundi 18 janvier 2016

Nour Kamar : Would a voice born ?


Généralement, il y a le pour et il y a le contre. Personnellement, je fais partie de ceux qui n'aime pas la machine à talents, celle qui prend, utilise et jette, une fois l'argent ramassé pour, ensuite, passer à une autre manne. 
Seulement, voilà, il arrive que la machine dérape et donne un résultat inattendu, voire surprenant. Elle n'est plus qu'un prétexte pour mettre, rendre à la lumière, ce qui la dépasse. Ainsi en est-il de l'émission réalité The Voice Ahla Sawt diffusée sur MBC1 de cette année.
Et cela donne une jeune voix. Prometteuse. Talentueuse. Pourvu que cela dure ! Ce talent a pour nom Nour Kamar - bien que nous préférerions le scripturaire de Qamar (Lune) plus proche de la phonétique arabe -. Il suffit de l'écouter.
F. C.-A.


mercredi 6 janvier 2016

Tamazight : l'ancestralité officialisée en Algérie ?


Le projet est en cours mais il reste encore quelques étapes. Il semble que les pouvoirs publics algériens aient pris conscience tardivement de l'importance de la langue ancestrale de quelques millions d'Algériens car le tamazight devient la langue officielle (après avoir été reconnue comme nationale) en même temps que la langue arabe. Le défi, aujourd'hui, est de lancer un programme d'enseignement, de formation des enseignants (au nombre insuffisant car tous ceux qui pratiquent cette langue, ne l'écrivent pas) et une restructuration des administrations, panneaux d'affichage dans ce sens. Si ce pas a été fait, la mise en place demandera un travail important, voire colossal. Encore faut-il que ce soit rendu viable sur le terrain. Même si la reconnaissance historique est là.
La littérature amazighe est en avance même si elle en est à ses premières incursions dans le domaine du livre et a déjà amorcé le pas, bien avant que les officiels algériens aient fini par reconnaître l'existence d'une culture historique. Des romans, des nouvelles, des contes, des poésies - les Isefras de Mohand U M'hand traduits en français par le romancier Mouloud Mammeri - des recherches universitaires comme celle importante de Daniela Merolla (De l'art de la narration tamazight aux éditions Peeters), nous plongent dans un univers qui peut s'avérer fascinant quant à l'approche de cette langue dont l'écriture nous vient du fond des âges car plus que millénaire. 

Quelques liens à voir dont l'un est pour les initiés du tamazight :


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