dimanche 17 juillet 2011

Ambivalence ou continuité : le peintre Hamid Tibouchi vs le poète Hamid Tibouchi

"Traité de navigation", pigments, encre
et collage papier. Hamid Tibouchi.
Le peintre algérien Hamid Tibouchi a écrit quelque part qu’il avait le mal de mer mais d’une certaine manière il a un « navire » propre à lui : son atelier. C'est ce que nous transmet comme image sa série de peinture intitulée «Traité de navigation», tableaux qui ont été en exposition, en 2009, à la galerie Europia de Paris ...

Imaginez ce marin d’un autre style, le sien propre, surnageant par-dessus les vagues de tous les matériaux qu’il aura collectés, par curiosité de l’objet surprenant dans sa forme et sa texture et dans la perspective de ce qu’il en ferait un jour.

Le poète qu’il est également, je l’aurai connu dans une autre vie, par-dessus la Méditerranée, à la fortune de ses textes lus ça et là alors que nous étions, séparément et en d’autres lieux l’un et l’autre dans le même univers poétique avec cette différence que Hamid Tibouchi avançait déjà à grandes enjambées  sur cette voie  (Cinq dans tes yeux, sous le pseudonyme de H. Targui, en autoédition ; Mer ouverte aux éditions Caractères). Un lien nous unissait aussi malgré nous, par-delà la poésie et dans la poésie : celui de l’un des chantres algériens, inoubliable, le magnifique Jean Sénac, disparu hélas en de sanglantes circonstances.

Ce Hamid Tibouchi-là, j’en ai connaissance mais ce qui fut le plus surprenant dans ma redécouverte du poète, c’est de trouver à la place un peintre, un artiste ayant trempé non plus sa plume mais un pinceau dans la source de la créativité.

La série du « Traité de navigation » – plus d’une trentaine de toiles – nous fait voyager sur la mer du parcours d’un poète déjà talentueux certes mais qui donne encore plus avec sa palette de couleurs et sa « bourlingue » faite de textures, de colle, de papier revisité et d’un regard portant loin, aussi loin que le permet son « Traité de navigation ».

"Traité de navigation", pigments, encre
et collage papier. Hamid Tibouchi.
L’encre du verbe est heureusement toujours la même, elle prête ses pigments à la lecture sous une autre vision et le grand voyage du peintre-poète nous  entraîne à travers un périple d’expositions vivantes incidemment parcourues par ces « Peintures en boules » sorties de son capharnaüm coloré et c’est sur une terrasse, qu’il repêchera ces peintures froissées et roulées en boules : elles étaient, écrira-t-il, « comme des fossiles, tous les secrets de la création, tous les états d’âme de la navigation en solitaire »...

... une longue conversation avec soi-même, plus qu’une révélation de soi-même, que ces « Peintures en boules »...

Une peinture en envolées d’un lyrisme abrupt comme sa série « Toughra à la trace », ocre et sauvage, en coups de spirales évocatrices d’écritures transcendantes, en couvertures de carnets que nous souhaiterions ouvrir parce qu’ainsi (peut-être), Hamid Tibouchi sortirait de son atelier comme un extraordinaire animal en hibernation, faisant son offrande à la nature qui lui donne ses lumières dans ses visions et son moi intérieur délivrant des choses du peintre et du poète, non pas en parcimonie mais plutôt en fragmentations qu’il nous faudrait recoller alors afin de trouver la piste des secrets cachés...

... et lui qui dit avoir le mal de mer, n’écrira-t-il pas dans Mer ouverte, ces superbes vers que nous ne livrons que partiellement :

« La mer qui grouille au loin
La mer, insectes bleus pressés aux élytres vernis par le soleil
La mer miroir aveugle où broutent les goélands
Être la barque qui rampe sur l’eau
Être le sillon de la barque
Être la voile gonflée par le vent être la mouette qui suit la barque l'aile de neige palpitante
Être le duvet qui caresse la joue du ciel être la brise qui coule sur la mer être la rivière qui court vers la mort
Être le temps qui fait bouger tout ça et s'arrêter au matin d'un été pour contempler à son aise la mer,

[...]

Ni chants ni pleurs
Dans la trame vasculaire
"Traité de navigation", pigments, encre
et collage papier. Hamid Tibouchi.
Que tisse la pointe de l'aiguille rumeurs lointaines et proches motocyclettes bravant d'invisibles monstres la vie se coule dans la vague incertaine crescendo rétrograde dans l'instant qui se fige entend la nuit invisible
Elle s'infiltre telle une intruse en un largo imperceptible
Dans notre univers qu'elle habite encore une goutte de nuit

[...]

On aimerait y barboter comme les oiseaux
Le cri de l'oiseau délivré fleur qui s'ouvre
Eblouie par l'éclat de midi rencontre de lèvres jeunes avides de l'instant qui passe
Le firmament a un goût de lavande, coule sous la peau le sang chaud
Sur l'herbe tiède ».

A la périphérie de ces vers où « la vie se coule dans la vague incertaine », s’inscrivent les signes d’un autre long voyage qui viendront s’apposer, par la suite, sur le crissement de la toile en attente comme « le cri de l’oiseau délivré »...


F. C-A.


Pour en savoir plus...

mercredi 13 juillet 2011

Pause estivale d'Arabian People & Maghrebian World

L'été est largement entamé et comme vous le savez, Arabian People & Maghrebian World fait une pause durant cette saison.

Cependant, une permanence sera assurée et vous pourrez lire prochainement des interviews de romanciers, d'artistes-photographes, de responsables d'édition et puis, bien sûr, d'autres articles sur ce que nous aurons "concocté" à votre intention.

Bonnes vacances,

La Rédaction

mardi 12 juillet 2011

Sidi Tahar Haddad ou la Crucifixion de l’innovateur dans le monde arabe (3e et fin)

Tahar Haddad
Par Moncef Bouchrara

Comme annoncé, lors des première et seconde parties de ce dossier, Arabian People & Maghrebian World a proposé une étude partielle mais non des moindres de Moncef Bouchrara, sociologue et philosophe tunisien mais aussi ingénieur-conseil, consultant international spécialisé dans les questions de l’emploi en Méditerranée et enseignant pendant près de trente ans en Tunisie.

Nous arrivons à la fin de cette publication partielle sur le penseur, syndicaliste et poète tunisien, Tahar Haddad, qui, nous l’espérons, aura donné matière à beaucoup de réflexions sur la société sous l’angle culturel du Maghreb et du Monde arabe, cet aspect étant une étape extrêmement importante dans la réflexion globale des sociétés démocratiques émergentes ou, à tout le moins, en espérance de mutations. Ce quatrième et dernier chapitre se penche sur le devenir via une réflexion sur le rôle des femmes dans ces nouvelles sociétés avec ce que l’auteur entend par les « consensus culturels et sociaux arabes autour de valeurs fondamentales nouvelles » et, a fortiori, en fonction des « nouvelles formes de maternances, des maternances non seulement biologiques, mais aussi des maternances sociales et culturelles », selon les termes propres de Moncef Bouchrara.

Le lecteur pourra prendre contact avec l’auteur via le contact mis en fin de lecture.


IV - Pourquoi « Sidi » Tahar Haddad ? Le rôle des femmes dans l’émergence d’une Nouvelle société arabe

Quand et surtout comment abandonnerons-nous les critères de jugement qui ont abouti à la crucifixion de Tahar Haddad, à la véritable « via dolorosa » qu’il a connue de 1930 à 1935. Comment pourrons-nous changer notre manière de nous juger ? C’est en cherchant la réponse à ce genre de questions, que nous pourrons parvenir à payer notre dette vis-à-vis de Tahar Haddad et à racheter le crime commis quotidiennement contre ses semblables.

C’est dans cette perspective, que les dernières lignes de cet article seront encore une fois et toujours dédiées à Sidi Et-Tahar El Haddad. Je dis sciemment « Sidi » (Maître) parce qu’il est mon maître, notre maître à tous, et que l’islam dans sa doctrine première ne reconnaît la maîtrise et la supériorité qu’à celui qui nous apprend la science. En le qualifiant de Sidi, je pratique l’exercice du Tamjid (1) à son égard. J’en fais un illustre parmi les illustres. Un Majed (2) parmi les Amjed (2).

Car il se trouve que Tahar Haddad nous aura appris à tous plus que la science et nous aura transmis plus que le savoir. Tahar Haddad nous aura appris à être, à apprendre à être tout simplement. A chacun de nous, il aura appris à être un aristocrate. En tant que communauté, il a ouvert la voie à « une république d’aristocrates » et non à « une république sans individus ». En tant que fils de quelqu’un et père de quelqu’un, je lui dois plus que mon nom. Je lui dois mon savoir être humain dans le monde, je lui dois ma qualité d’être doué d’une part consciente d’universel. C’est cette qualité d’être, qui fait, qui m’a appris à faire valoir la spécificité d’un nom, d’un être unique, non substituable par un autre, à cause de sa créativité spécifique aux résultats potentiels toujours inattendus et imprévisibles. Cet individu, quand il est valorisé sous cette qualité là, est, non jetable ou supprimable à merci, tant physiquement que psychologiquement. Les Droits de l’Homme sont artificiels et sont un leurre dans une société qui ne valorise pas les individus par leur créativité. Sidi Et-Tahar El Haddad est et reste notre père symbolique, toujours à légitimer, et il reste aussi, et malheureusement encore, notre frère aîné de l’amertume. Un saint rêvant à l’aristocratie de tous, un saint laïque qui a été isolé par toute la communauté ou presque, qui a été insulté par tous, tous les jours, pendant cinq années, jusqu’à sa mort.

Gardons-les toujours en mémoire cette image réelle, ce film réel de la fin de Sidi Et-Tahar El Haddad, qui était physiquement agressé, quand il marchait dans les rues de Tunis de 1930 à 1935, cible de jets de tomates et de pierres. Gardons-la donc toujours en mémoire cette anecdote vécue et terrible de   Sidi Et-Tahar El Haddad qui demandait un simple verre d’eau à un garçon de café, et qui n’était même pas servi, dans un pays désertique où la soif ordonne comme tradition fondamentale, de ne jamais refuser de donner à boire.

A Sidi Et-Tahar El Haddad, donc, nous dédions ces quelques lignes, aujourd’hui, comme étant une tentative, pour que notre propre ijtihad (cf. note de la Rédaction) individuel rachète le crime collectif commis à son égard par nos grands-parents.

Sidi Et-Tahar El Haddad, avec l’espoir que ces quelques lignes, rachètent les crimes quotidiens que continue toujours à commettre la société arabe, contre tous les Tahar Haddad en son sein,

A   Sidi Et-Tahar El Haddad  , enfin, avec l’espoir surtout, que ces quelques lignes soient lues un jour par une société arabe qui aura osé et inventé, par elle-même, non seulement de nouvelles mentalités, mais aussi et surtout de nouvelles frontières de la tendresse, une tendresse sociale qui ne rejette pas la part de créativité, inhérente à chaque individu. Un espoir que ces quelques lignes seront lues par une société qui aura réussi et appris, enfin, à entourer tous ses Tahar Haddad, tous ses innovateurs, de la tendresse qu’ils méritent. Car les tendresses civiles seront toujours supérieures à toutes les largesses d’Etat.

"Les femmes au regard de la Loi
et dans notre société"
de Tahar Haddad
Cette nouvelle tendresse sociale, cette nouvelle tendresse culturelle, plus qu’on ne l’imagine, les femmes y tiendront un rôle premier. Car cette nouvelle frontière de l’acceptation de l’innovateur, cette tendresse devront commencer à se déployer avant même l’étape de la scolarisation, dès la naissance et l’enfance même de l’innovateur, par un regard nouveau et une attitude différente de la part de sa propre mère biologique.

Tout recommencera par les filles et les femmes tunisiennes. C’est le jour où les mères tunisiennes, en particulier, apprendront enfin à leurs enfants à ne pas avoir peur de leurs propres capacités créatrices, à ne pas avoir peur de précéder plutôt que de suivre, c’est ce jour-là, que les femmes tunisiennes, paieront leur véritable dette vis-à-vis de Tahar Haddad, à leur père symbolique, à qui elles doivent tant aujourd’hui, et pourront prétendre enfin, à être ses filles légitimes.
Ce jour-là, ces quelques lignes seront dépassées, en définitive, par une société qui aura inventé de nouvelles formes d’être et qui aura inventé de nouveaux féminismes parce qu’elle aura inventé de nouvelles formes de maternances, des maternances non seulement biologiques, mais aussi des maternances sociales et culturelles. Ce jour-là, peut-être, ces quelques lignes seront lues par une société qui osera être la mère de l’innovation et du changement.
Moncef Bouchrara

Note : Pour recevoir l’étude complète sur Tahar Haddad et faire part de vos réactions, adresser un mail à : moncef.bouchrara@wanadoo.fr
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Note : « ijtihad » à ne pas prendre dans le sens péjoratif qui lui est donné actuellement mais dans le sens des termes « effort sur soi ».
 (1) Tamjid : célébration, glorification.
(2) Majed, Amjed : illustre(s), glorieux - Déjà expliqué dans l'article.

samedi 9 juillet 2011

Saison « f-estivale »

Festival de Jerash
Le Festival de Jerash revient après trois ans d’absence. Du 21 au 30 juillet 2011, le festival se déroulera en plusieurs lieux culturels de la Jordanie. Beaucoup de concerts entre cinq heures de l’après-midi – chaleur oblige – jusque vers onze heures du soir, avec des artistes comme le chanteur koweïti Nabil Shuail ou le groupe Rum de Tareq Al Nasser.

Programme exhaustif 
Au théâtre du Sud
Mercredi 20 juillet - Ouverture avec le groupe Rum de Tareq Al Nasser (Jordanie)
Jeudi 21 juillet - Melhem Barakat, chanteur et parolier (Liban)
Vendredi 22 juillet - Les chanteurs Nabil Shuail (Koweït) et Georges Wassouf (si son état le permet)
Samedi 23 juillet - Le groupe Rum de Tareq Al Nasser
Dimanche 24 juillet - Omar Khairat (Egypte)
Lundi 25 juillet - Music Hall (Liban)
Mercredi 27 juillet - Palestine
Jeudi 28 juillet - Najwa Karam (Liban)
Vendredi 29 juillet - Inana (Danse, Syrie)
Samedi 30 juillet - Hani Mitwasi, Salman Hussein (Jordanie)

Au Théâtre du Nord
Jeudi 21 juillet - La troupe de danse de l'Université de Shanghai (Chine)
Vendredi 22 juillet - Le ballet de Murcia (Espagne)
Samedi 23 juillet - L’ensemble soufi Galata Mevlevi (Turquie)
Dimanche 24 juillet - Ghada Abbasi, Ghalib Khoury
Mercredi 27 juillet - Le Trio Jubran (Palestine)

Théâtre sonore et la lumière - Les enfants de l'histoire du théâtre d'aujourd'hui
Samedi 23 juillet - Les aventures de Zaalol et Bahloul
Mardi 26 juillet - Le renard rusé
Mercredi 27 juillet - Sinbad - Khalid Mousselmani
Jeudi 28 juillet - Centre Haya
Samedi 30 juillet - Centre Haya

Artemis Théâtre - « Histoire aujourd'hui »
Jeudi 21 juillet - Poésie / et cérémonie d'ouverture avec Haïdar Mahmoud (Jordanie), Talal Haïdar (Liban), Nayef Abu Obaid (Jordanie).
Samedi 23 juillet - Poésie avec Hilda Ismail (Arabie Saoudite), Ghassan Zaqtan (Palestine), Ali Amiri (Iran), Ziad Al-Anani (Jordanie).
Lundi 25 juillet - Poésie avec Maha Al Ali, Mutawakkil Taha, Habib Zouaydi (Palestine).
Mercredi 27 juillet - Poésie avec Maysoon Al-Qasimi, Amaan Abdul Hadi, Qassim Haddad, Ali Nubani.
Jeudi 28 juillet - Peintures théâtrales de Saima Mahmoud
Vendredi 29 juillet - Poésie - Cérémonie de clôture avec Heba Essam, Yousef Abu Luz, Amjad Nasser, Qaïs Qoukzh.



Festival International de Baalbek 2011
Le festival international de Baalbek a tablé surtout, pour cette année, sur le théâtre musical, le Liban étant réputé pour ce genre de spectacle. Pour cette édition, « Depuis l'époque de Saladin » offre un registre assez sérieux au regard de tout ce qui s'est réalisé dans ce domaine.


Programme
Théâtre musical
Samedi 9 Juillet - « Depuis l'époque de Saladin, Nuits libanaises », une pièce de théâtre musicale libanaise conçue par Rami Sabbagh, avec une chorégraphie de François Rahmé.
Musique : sous la direction de Harout Fazlian avec le chœur de l’Université Antonine Pères dirigé par le père Toufik Maatouk (directeur de l’École de Musique des Pères Antonins).
Le thème : nous sommes à l’époque de Salaheddine (Saladin) ou le thème récurrent des conflits Orient-Occident. Un écrivain contemporain d’aujourd’hui entre dans sa pièce pour convaincre ses personnages de négocier et conclure une paix.
Interprètes : Assi El-Hallani, Antoine Kerbaje, Carmen Lebbos, Carine Ramia, Nabil Abou Mrad, Ghassan Atthieh, Joseph Assaf ...
Jeudi 14 juillet - Boris Eifman Ballet/ Théâtre de Saint-Petersbourg : « Don Quichotte ou les fantasmes d’un homme fou » (à confirmer)
Vendredi 15 juillet - Le Gershwin Piano Quartet interprète Stravinsky et Ravel
Samedi 23 juillet - Musique classique avec Abdel Rahman El Bacha
Samedi 30 juillet - Jazz avec Louis Hayes et le groupe Héritage.


Festival international de Batroun
Le Liban se meuve aussi avec un festival à Batroun : concerts et spectacles, au goût d’aujourd’hui et totalement libanais.

Programme
Samedi 9 juillet - Le groupe UB40 et Ali Campbell
Samedi 16 juillet - La chanteuse Najwa Karam
Vendredi 22 juillet - The Little Mermaid
Samedi 29 juillet - Ramy Ayach

Site : http://www.batrounfestival.org/


Festival de Beiteddine
Commencé le 24 juin dernier, le festival de Beiteddine a ouvert ses portes par une hommage à la chanteuse Sabah par une comédie musicale, conçue et mise en scène par Gérard Avédissian, sur une scénographie de Fadi Yenni Turk et des chorégraphies de Sami Khoury.


Programme
Samedi 8 juillet - Le ténor Roberto Alagna chante un répertoire de Luis Mariano (choix discutable pour un ténor de cette qualité).
Vendredi 15 et samedi 16 juillet - Kazem Al-Saher chante le poète Nizar Kabbani
Samedi 22 juillet - « Babel » de Sidi Larbi Cherkaoui, une évocation de la tour de Babel. Danse contemporaine chorégraphiée par Sidi Larbi Cherkaoui, en collaboration avec Damien Jalet (spectacle créé à Bruxelles en avril 2010)
Jeudi 27 juillet - La trompette à l’honneur avec The Ibrahim Maalouf Quintet
Jeudi 4 août - Farida Mohammad Ali, cantatrice irakienne, est accompagnée de l’Ensemble Maqâm irakien et du ‘Oudiste Omar Mounir Bashir.

Site : http://www.beitedine.org/


Zouk Mikael Festival
A une dizaine de minutes de Beyrouth et dans un écrin superbe donnant sur la mer Méditerranée, le modeste mais plein de qualité, Zouk Mikael Festival présentera plusieurs concerts dont le 17 juillet avec le ténor Placido Domingo mais aussi des pièces de maqâm, le 21 juillet.

Festival de Carthage
Malgré une situation encore dans les turbulences, la Tunisie n’oublie pas de vivre et le festival de Carthage a ouvert ses portes pour son 47e anniversaire le 2 juillet dernier et cela, jusqu’au 6 août 2011.

Le programme étant très conséquent et comprenant dans sa majorité des spectacles tunisiens, Arabian People & Maghrebian World n’a retenu que quelques dates :

Dimanche 10 juillet 2011 - Karim Choaïb et Rihab Seghir au palais du Baron d'Erlanger et Baaziz Bendirman à l’Acropolium de Carthage (Algérie-Tunisie)
Lundi 11 juillet 2011 - « Ayo » et « Le voyage » (Allemagne/ Nigeria)
Mardi 14 juillet 2011 - Soirée africaine à l’Acropolium de Carthage (Sénégal)
Mercredi 15 juillet 2011 - Latifa Raafet (Maroc) au Théâtre municipal ; Cheb Jilani (Lybie)
Vendredi 17 juillet 2011 - Soirée du Maghreb au Théâtre de la Ville
Mercredi 19 juillet 2011 - Souad Massi à l’Acropolium de Carthage (Algérie)
Jeudi 20 juillet 2011 - Ballet de Serbie au Théâtre de la Ville et Ragga Maqâm Khaled Ben Yahia au palais du Baron d’Erlanger
Vendredi 21 juillet 2011 - Lo’jo (France) à l’Acropolium de Carthage
Samedi 22 juillet 2011 - Orchestre symphonique de Sicile au Théâtre municipal et troupes d’Algérie au palais du Baron d’Erlanger
Lundi 24 juillet 2011 - Tentacio (Cuba) au palais du Baron d’Erlanger
Mercredi 27 juillet 2011 - « Ghenib » de Naoufel Ben Aïssa, la violoniste tunisienne, et «Iskandrella» (Egypte) respectivement au Théâtre municipal et palais du Baron d’Erlanger.
Mardi 2 août 2011 - « Beni Ekher Siraj » au palais Abdellia, et Mohamed Ali Kammoun Jazz au palais du Baron d’Erlanger ainsi que le Tarab Halabi de Syrie à l’Acropolium de Carthage.
Jeudi 4 août 2011 - Joudhour, troupe palestinienne au palais du Baron d’Erlanger
Samedi 6 août 2011 - « Chanson et poésie », clôture à l’Acropolium de Carthage.


Festival international de Djemila
Avec l'aimable prêt d'Horizons, quotidien algérien.
Reproduction interdite.
La 7e édition du Festival international de Djemila devrait se tenir du 18 au 27 juillet 2011 dans la wilaya de Sétif (Algérie) mais jusqu’à présent et bien que des travaux d’embellissement du site romain de Djemila soient en cours, il est difficile de confirmer ou non la tenue de l’événement.
La venue d’artistes du Moyen-Orient arabe et du Maghreb est annoncée et selon toutes probabilités, concerts et danses seront à l’affiche du festival :

- Khaled (Algérie) sera en ouverture du festival
- Lotfi Double Kanon (Algérie)
- Elissa Khoury (Liban)
- George Wassouf (Syrie)
- Alloua (Algérie)
- Abdelwahab Doukkali (Maroc)
- Samira Saïd (Maroc)
- Kadhim Essaher (Irak)

vendredi 1 juillet 2011

Clin d'oeil sur Eric Dubois, un poète sur le toit du temps


La poésie se porte bien. Qui a dit le contraire ? Aujourd’hui, il n’est pas un lieu, un festival où cette poésie ne chante parce qu’elle est opiniâtre, parce qu’elle se veut vive et qu’elle se veut vivre. Ainsi en est-il de celle d’Eric Dubois, un poète français qui ne triche pas avec les mots qu'il inscrit sur la brise-grisaille pour les élever vers les cimes des toits mouillés de ce Paris où il est né.

Le poète Eric Dubois défie ces aprioris qui proclament à tout vent que la poésie est commercialement incorrecte car, pour lui, comme pour bien d’autres poètes qu’Arabian People & Maghrebian World a approchés ou a lus, l’écriture n’est pas un amuse-gueule ni un passe-temps du dimanche. L’auteur est un poète prolifique et ses multiples publications attestent de sa créativité. Il vous suffit de rechercher son nom et vous aurez vos réponses...

Eric Dubois use des mots avec une simplicité trompeuse et mal nous en prendrait si l’on se contentait de lire sans ouvrir les paliers de la pensée cachée, encore moins de son univers tout en mosaïques. Pour lui, « Ecrire  / c’est aussi inscrire / Sur les frontons des visages / L’écume du temps ». Alors, suivons-le... 

Il est de tous les temps, un rien qui nous rappelle un Boris Vian ou un Jacques Prévert mais, aussi, un soupçon de cette poésie d’aujourd’hui qui ne veut pas s’engouffrer dans des envolées lyriques mais rester là où prennent racines les « paradoxes » du parler et les « intérêts dans le partage du sang ».

Ainsi, son écriture se meut au fil du temps qui l’emprisonne et révèle quelques amertumes vite cachées par pudeur, comme pour oublier ce temps qui fuit et ne donne pas l’espérance mais l’hiver dans sa brume et sa froidure : une pérégrination suspendue à l’émotion d’une seconde, d’une image évoquée mais irréelle que dénotent deux recueils, « C’est encore l’hiver » et « Radiographie ».
Et puis, cette curieuse architecture du poème pour lequel il faut prendre le loisir de décrypter comme, par exemple, « Et l'hiver » :

La neige recouvre
Quand les fenêtres brillent

Et l’hiver
les pas – les traces de pas

Envie de
les mots restent dans la bouche

Prendre dans ses bras l’arbre
prononcent la fuite

Se blottir contre
n’isolent pas du monde
(Radiographie)

La pensée est continue mais elle saute de vers en vers, donnant un rythme qui paraît tout en dissonances mais qui suit son propre schéma tout à fait, lui, en harmonie et, de ce fait, nous fait lire « La neige recouvre ... les pas – les traces de pas » / « les mots restent dans la bouche ... prononcent la fuite ... n’isolent pas du monde » / « Prendre dans ses bras l’arbre ... se blottir contre ... encore l’arbre »...

On ne peut s’empêcher de s’arrêter un moment pour saisir ces symboliques et les arracher à une tristesse omniprésente à cause d’une réalité pas très plaisante comme les immeubles insalubres et les habitations à loyer modéré que le poète nous fait revisiter dans son recueil  «Radiographie». A ces heures quelque peu mortuaires, l’on voudrait échapper et faire valser les vapeurs de la grisaille vers les sommets d’un « Rêve indéterminé » ou « Pour recomposer /un présent présentable »... qu’Eric Dubois nous fait tout de même entrapercevoir...

Un poème pour la route

Des mots
La porte
ouvrir

On succombe
le vent

Merci
il faut dire

Des mots
comme des silences

A tant de périls
s’engouffre

Que ponctuent
les visages

Les voix
on annonce un hiver difficile

Pourquoi nos pas
Des morts et des morts

Dans les ornières des forêts
butent sur d’étranges mannequins

La porte
fermer
Fermer la porte
(C’est encore l’hiver)

Quelques parutions à retenir

- « Poésies complètes, dix ans de poésie », Editions Le Manuscrit (http://www.manuscrit.com/).
- « C’est encore l’hiver », Editions Publie.net (publications électroniques sur http://www.publie.net/).
- « Radiographie », Editions Publie.net (idem).
- « Entre gouffre et lumière », préface de Charles Dobzynski, Editions L’Harmattan, coll. Accent Tonique (www.editions-harmattan.fr/index.asp). 
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