La poésie se porte bien. Qui a dit le contraire ? Aujourd’hui, il n’est pas un lieu, un festival où cette poésie ne chante parce qu’elle est opiniâtre, parce qu’elle se veut vive et qu’elle se veut vivre. Ainsi en est-il de celle d’Eric Dubois, un poète français qui ne triche pas avec les mots qu'il inscrit sur la brise-grisaille pour les élever vers les cimes des toits mouillés de ce Paris où il est né.
Le poète Eric Dubois défie ces aprioris qui proclament à tout vent que la poésie est commercialement incorrecte car, pour lui, comme pour bien d’autres poètes qu’Arabian People & Maghrebian World a approchés ou a lus, l’écriture n’est pas un amuse-gueule ni un passe-temps du dimanche. L’auteur est un poète prolifique et ses multiples publications attestent de sa créativité. Il vous suffit de rechercher son nom et vous aurez vos réponses...
Eric Dubois use des mots avec une simplicité trompeuse et mal nous en prendrait si l’on se contentait de lire sans ouvrir les paliers de la pensée cachée, encore moins de son univers tout en mosaïques. Pour lui, « Ecrire / c’est aussi inscrire / Sur les frontons des visages / L’écume du temps ». Alors, suivons-le...
Il est de tous les temps, un rien qui nous rappelle un Boris Vian ou un Jacques Prévert mais, aussi, un soupçon de cette poésie d’aujourd’hui qui ne veut pas s’engouffrer dans des envolées lyriques mais rester là où prennent racines les « paradoxes » du parler et les « intérêts dans le partage du sang ».
Ainsi, son écriture se meut au fil du temps qui l’emprisonne et révèle quelques amertumes vite cachées par pudeur, comme pour oublier ce temps qui fuit et ne donne pas l’espérance mais l’hiver dans sa brume et sa froidure : une pérégrination suspendue à l’émotion d’une seconde, d’une image évoquée mais irréelle que dénotent deux recueils, « C’est encore l’hiver » et « Radiographie ».
Ainsi, son écriture se meut au fil du temps qui l’emprisonne et révèle quelques amertumes vite cachées par pudeur, comme pour oublier ce temps qui fuit et ne donne pas l’espérance mais l’hiver dans sa brume et sa froidure : une pérégrination suspendue à l’émotion d’une seconde, d’une image évoquée mais irréelle que dénotent deux recueils, « C’est encore l’hiver » et « Radiographie ».
Et puis, cette curieuse architecture du poème pour lequel il faut prendre le loisir de décrypter comme, par exemple, « Et l'hiver » :
La neige recouvre
Quand les fenêtres brillent
Et l’hiver
les pas – les traces de pas
Envie de
les mots restent dans la bouche
Prendre dans ses bras l’arbre
prononcent la fuite
Se blottir contre
n’isolent pas du monde
(Radiographie)
La pensée est continue mais elle saute de vers en vers, donnant un rythme qui paraît tout en dissonances mais qui suit son propre schéma tout à fait, lui, en harmonie et, de ce fait, nous fait lire « La neige recouvre ... les pas – les traces de pas » / « les mots restent dans la bouche ... prononcent la fuite ... n’isolent pas du monde » / « Prendre dans ses bras l’arbre ... se blottir contre ... encore l’arbre »...
Un poème pour la route
On succombe
Merci
Des mots
A tant de périls
Que ponctuent
Les voix
Pourquoi nos pas
Dans les ornières des forêts
La porte
- « Poésies complètes, dix ans de poésie », Editions Le Manuscrit (http://www.manuscrit.com/).
- « C’est encore l’hiver », Editions Publie.net (publications électroniques sur http://www.publie.net/).
- « Radiographie », Editions Publie.net (idem).
- « Entre gouffre et lumière », préface de Charles Dobzynski, Editions L’Harmattan, coll. Accent Tonique (www.editions-harmattan.fr/index.asp).
On ne peut s’empêcher de s’arrêter un moment pour saisir ces symboliques et les arracher à une tristesse omniprésente à cause d’une réalité pas très plaisante comme les immeubles insalubres et les habitations à loyer modéré que le poète nous fait revisiter dans son recueil «Radiographie». A ces heures quelque peu mortuaires, l’on voudrait échapper et faire valser les vapeurs de la grisaille vers les sommets d’un « Rêve indéterminé » ou « Pour recomposer /un présent présentable »... qu’Eric Dubois nous fait tout de même entrapercevoir...
Un poème pour la route
Des mots
La porte
ouvrir
On succombe
le vent
Merci
il faut dire
Des mots
comme des silences
A tant de périls
s’engouffre
Que ponctuent
les visages
Les voix
on annonce un hiver difficile
Pourquoi nos pas
Des morts et des morts
Dans les ornières des forêts
butent sur d’étranges mannequins
La porte
fermer
Fermer la porte
(C’est encore l’hiver)
Quelques parutions à retenir
- « Poésies complètes, dix ans de poésie », Editions Le Manuscrit (http://www.manuscrit.com/).
- « C’est encore l’hiver », Editions Publie.net (publications électroniques sur http://www.publie.net/).
- « Radiographie », Editions Publie.net (idem).
- « Entre gouffre et lumière », préface de Charles Dobzynski, Editions L’Harmattan, coll. Accent Tonique (www.editions-harmattan.fr/index.asp).
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