C’est au 60e Salon du Livre de Paris qu’ Arabian People & Maghrebian World a rencontré Belaïd Brakni, charmant monsieur, aux yeux d’eau grisée, frêle et doté d’un calme, que ses racines méditerranéennes démentiraient tant il se démarque par sa sérénité placide.
Pourtant, il est né sur la terre algérienne, pleine de remous, de douceurs violentes et de piquants parés des teintes lilas, ocre ou brunes des montagnes de l’Atlas.
Fils de la Grande-Kabylie, il raconte, dans le livre qu'il dédiçait au Salon, la « vie très dure » et la « course contre la montre pour survivre », par-delà les années de guerre d’indépendance et ses expériences d’élu de la petite bourgade de Souama dont il sera maire durant cinq années. « Je pense, écrit-il dans ses "Mémoires d’un ancien maire", que nous étions, nous devions suivre le chemin de l’école telle qu’elle était. Couvert d’un burnous de couleur blanche, je ressemblais aux livres que nous distribuait gratuitement l’instituteur. Symboles d’enfants disciplinés avec les cahiers bien soignés, les mains propres, nous faisions nos devoirs à la lumière d’une lampe ». Et ces lignes nous rapprochent d’un autre enfant de la Kabylie, Mouloud Feraoun, avec son « Fils du pauvre »… paru quelques années avant la naissance de Belaïd Brakni. L’un comme l’autre diront le monde de leurs mères respectives et des femmes de leur terre ancestrale, hommes reconnaissants envers la tendresse parfois rude de celles-ci.
Belaïd Brakni y parle d’un maquisard, les mains liées, poussé par la soldatesque, un certain été 1958, alors que l’auteur était encore adolescent : « Da Kasi retourna sa langue dans sa bouche plusieurs fois en regardant l’assistance, essaya tant bien que mal à prononcer : « Vive l’Algérie ! » Il le répéta plusieurs fois avant d’être abattu. Les femmes poussèrent des youyous pour rendre hommage à sa bravoure et à son martyre. Les journées se suivaient et se ressemblaient : toutes noires. » L’auteur nous promène avec lui durant le long périple imagé et plein d'émotions qu'il suivra jusqu'à l’indépendance de son pays, les espérances puis l’ère des désillusions. Elu maire de Souama, en 1999, il invoque « l’idée que les hommes du système rentier eussent une détermination absolue, nous bouchaient l’avenir, nous enfonçant de plus en plus dans la misère morale. »
B. Brakni Photo Arabian People & Maghrebian World. |
Fils de la Grande-Kabylie, il raconte, dans le livre qu'il dédiçait au Salon, la « vie très dure » et la « course contre la montre pour survivre », par-delà les années de guerre d’indépendance et ses expériences d’élu de la petite bourgade de Souama dont il sera maire durant cinq années. « Je pense, écrit-il dans ses "Mémoires d’un ancien maire", que nous étions, nous devions suivre le chemin de l’école telle qu’elle était. Couvert d’un burnous de couleur blanche, je ressemblais aux livres que nous distribuait gratuitement l’instituteur. Symboles d’enfants disciplinés avec les cahiers bien soignés, les mains propres, nous faisions nos devoirs à la lumière d’une lampe ». Et ces lignes nous rapprochent d’un autre enfant de la Kabylie, Mouloud Feraoun, avec son « Fils du pauvre »… paru quelques années avant la naissance de Belaïd Brakni. L’un comme l’autre diront le monde de leurs mères respectives et des femmes de leur terre ancestrale, hommes reconnaissants envers la tendresse parfois rude de celles-ci.
Belaïd Brakni y parle d’un maquisard, les mains liées, poussé par la soldatesque, un certain été 1958, alors que l’auteur était encore adolescent : « Da Kasi retourna sa langue dans sa bouche plusieurs fois en regardant l’assistance, essaya tant bien que mal à prononcer : « Vive l’Algérie ! » Il le répéta plusieurs fois avant d’être abattu. Les femmes poussèrent des youyous pour rendre hommage à sa bravoure et à son martyre. Les journées se suivaient et se ressemblaient : toutes noires. » L’auteur nous promène avec lui durant le long périple imagé et plein d'émotions qu'il suivra jusqu'à l’indépendance de son pays, les espérances puis l’ère des désillusions. Elu maire de Souama, en 1999, il invoque « l’idée que les hommes du système rentier eussent une détermination absolue, nous bouchaient l’avenir, nous enfonçant de plus en plus dans la misère morale. »
Il dira aussi sa foi dans la bataille des hommes pour faire « le point de nos idées afin d'aller vers une nouvelle culture démocratique. [...] Je ne me démoralisai pas, quels que soient les résultats de cette bataille pour la démocratie, excellents ou bien abominables. J'adorais mon pays autant que ma mère. » ... tout en se demandant « pourquoi collectivement la société évolue dans l'inconcevable »...
Un auteur de talent et de courage.
« Mémoires d’un ancien maire » - Ed. Publibook, Paris - 148 p., 18 euros.
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