dimanche 1 mai 2011

Intermède avec Patricia Elias, « debout sur des sables mouvants »...



Patricia Elias et le calligraphe-sculpteur libanais
Rudy Rahmé (avec l'aimable prêt de la poétesse -
reproduction interdite)

Patricia Elias ... univers feutré vous faisant entrer par la porte cachée de l’émotion pour vous en faire ressortir, glorieux, sur les marches de la mystique et du profane intimement liés. « Si mes colères et mes lois / Font trembler les hommes qui / En Ton nom ont foi » déroulent pas à pas et en crescendo, le doute et la certitude, cette poétesse, si ancrée dans notre réalité devenue à ce point fantasmagorique, transcende la Lumière sacrée et la fait irradier sur ses «intimes émotions » à travers l’amour profane des « frêles doigts » et « dans la tempête des désunions » ?

Au fur et à mesure du voyage, suspendu aux lèvres qui lisent la poétique de Patricia Elias, le regard se rend compte de son propre dénuement – au sens spirituel du mot – et si elle ne prétend pas au rang de mystique, elle en approche la lucarne...

Au fur et à mesure du voyage, la pensée se tourne vers l’Aimé et l’aimé, ensemble unis dans une symbolique lumineuse comme ces « chemins de l’alliance » où « quelques pas suffiront / à sauver la lumière essentielle »...

La lecture est aisée, fluide mais la profondeur, elle, est extrême. Bien souvent, son écriture est à tort traduite par des termes fleuris bien éloignés de cette profondeur – ce qui ne lui rend pas justice car, même si la poétesse libanaise tente de demeurer ici-bas,

 « Vents furieux captifs de la passion.
Des voies sourdes me soulèvent
Puis me jettent en violentes rafales,
Contre toi, contre ta peau »

... elle s’accomplit en un amour transfiguré du Téos qui magnifie l’amour sacré, à l’exemple du chant de Salomon dans le « Cantique des cantiques » :

« Je t’ai aimé comme on aime la vie et ses mystères,
Me suis éprise de ta foi
Quand la solitude refusait mes prières.
C’est auprès de toi que je prends mon repos.
Viens donc, mon bien-aimé, sortons de la nuit,
Le matin nous attend
Sur les monts embaumés.
Reprends ta mélodie,
Le psaume des amants sages,
Sois l’infini et la lueur du jour…
Avance sur les cendres impuissantes
Et laisse-moi guider ton corps
Vers les rives de l’amour. »

Doux bruit du Verbe qui efface toutes les douleurs, toutes les amertumes ! Et nous laisse, non plus esseulés ou brisés sur « les rives de l’amour », mais fait, comme elle l’écrit, purifier notre âme pour qu’elle s’élève, « pour frôler » l’Existence de Celui qui se cache tout en lumière dans nos âmes qui se sont abandonnées sur l’autel de l’oubli et, ainsi :

« Visiblement perdus dans un monde mis à nu,
Approcher le déluge, aux maux céder refuge.
Quoi de plus fondé aux âmes sous le ciel,
Sans frayeur vivre de paix,
Partager l’immortel.
Je m’engage à lutter sans armes aux bras,
Quelques lames de bois pour écrire Ton nom
Partout où j’irai…
»


Patricia Elias, poétesse libanaise, vit à Beyrouth où elle est directrice des Éditions de La Revue Phénicienne. Elle s’implique dans des actions comme la Croix rouge et le Croissant rouge libanais comme elle s’était impliquée dans l’opération « 100 poèmes pour la paix au Liban ». Auteur de « Désir d’infini » (calligraphie de Rudy Rahmé) et « Née du silence », elle a été récompensée pour ce dernier recueil par le Grand Prix de la Société des Poètes Français en 2003.

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