Nadia Sebkhi, poétesse algérienne, nous offre une dimension surprenante avec son roman Les sanglots de Césarée. Le mystique et le sensualisme se côtoient, appuyés par le poème - que l'auteure n'oublie jamais - mais brutalisés par le réel que vit la société algérienne, perdue dans le labyrinthe de ses tourments, la trivialité de ses désirs.
Les sanglots de Césarée vous désarçonnent car, à chaque instant, surgissent les monologues des personnages de Lyna, Hadi et Rasha agitant votre perception de la réflexion dite ici, sans retenue aucune, sans censure. Est-ce un journal intimiste, un roman, un poème que ce livre qui dévoile une part profonde des pensées de Nadia Sebkhi ? On est tenté de l'affirmer mais on n'ose même si, par ailleurs, la poésie de Nadia Sebkhi nous le confirme.
L'émotionnel est à fleur de mots, à fleur de peau, myriades de chemins qui transcendent la problématique mystique du roman. Le lecteur va de l'un à l'autre. Avec les mots de Rasha : "Sa seule confidence était sa feuille blanche. Elle écrirait son ardeur impossible. Sa renaissance. Ce désordre dans sa vie", avec ces paroles du Mahatma Gandhi : "Puisque notre sort, ici-bas, est de souffrir puis de mourir / Ne devons-nous pas souhaiter de rendre le plus tôt possible à la terre notre corps misérable ?"
Quel questionnement ! La renaissance de soi et la fin du soi physique. Dans le même réceptacle de pensées : le désordre/chaos; la souffrance/mourrance. Rasha souhaite la renaissance, Gandhi voit l'infinitésimal au-delà de la terre qui retient, éphémère demeure de la vie mais éternelle demeure de "notre corps misérable"...
Nadia Sebkhi, poétesse et romancière, a publié un recueil de proses, Un amour silencieux, et un recueil de poésie, Sous le voile de mon âme. En 2008, elle a fondé, à Alger, le magazine littéraire L'ivrEscQ.
Les sanglots de Césarée
Aux éditions L. de Minuit
Site : http://www.livrescq.com
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