mardi 29 juillet 2014

Le Mot de la Rédaction : Fracas





Juillet s'étire sur les dernières heures du carême. Que nous a-t-il donné mais qu'avons-nous donné à ce Ramadhan qui n'en peut à force d'essoufflement ? Les rues d'Alger, les marchés, les improvisations commerciales, les soirées jusqu'à l'ultime bâillement avant de rejoindre la couche épuisée à l'attente. 

Mon second Ramadhan en Algérie. Essoufflée, étonnée, anesthésiée par toute cette lenteur qui s'achemine, s'incruste à n'en plus pouvoir la recevoir dans la rétine, dans la peau et dans les mots ni dans les maux. Tout est étrangement inconnu et familier car il y a résurgence de souvenirs d'adolescente mais le goût de la chorba a une pincée de regret, presque pimentée d'amertume. Je n'ose dire la nostalgie ni même l'enchantement du temps jadis parce qu'il faut savoir taire le pleur, ne plus dire ce qui fut et ne sera.
Que dire de tous les carêmes, sous la croix ou sous le croissant, qui nous font nous dénuder et sortir les mots de nos antres fracassés ? Que dire de tous les soupirs étranglés parce que les coeurs sont au bout de leur parcours, gisant sanguinolents sur la pierre éclatée de Ghaza ou le sable de ces confins que seuls parcourent les pieds nus des enfants maliens épuisés, le gosier en quête non plus d'un carême mais de fruits à s'en rassasier ? 
Adieu, Ramadhan d'avant mais je ne salue pas le carême de cet été. A peine de n'avoir pu rendre leur salut aux Anges du Tout-Puissant venus écrire le panégyrique ou… l'enfer futur.

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