mercredi 25 août 2010

Nadia Sebkhi ou les mots au-delà des vénalités terrestres




Nadia Sebkhi
Nadia Sebkhi est une auteure algérienne qui, pourrait-on penser, n’est pas de ces auteurs du Maghreb se mouvant sur le territoire de leurs douleurs ancestrales, parce que lorsqu’on est à lui parler, toute sa personnalité se révèle dans la douceur. Et pourtant. De la lire, nous ouvre un univers où l’âme est « rongée de noires afflictions » parce qu’elle rencontre sur son chemin les profanateurs du rêve comme la découvrent ces vers : « Agité vers nulle part, mon cœur / Est en pointillé, / Déroutée vers nul rivage, mon âme / Est troublée, /Désarmé vers nulle force, mon esprit / Est brouillé. / Pour la millionième fois, je ressasse / Mes peurs querellées / De ma sombre peine au-dessus / Des démêlés ; / De grâce pourquoi le déferlement de prêches / Ne purifie guère les âmes et n’adoucit / Aucunement les brèches ? [...]
Le mal savoure goulûment sa dragée et plonge Dans la schizophrénie, / Traduisant de la déperdition Insane vers l’infini / J’arpente le sentier de ma désolation, / Mon âme rongée de noires afflictions »...


Romancière, poétesse prolifique, Nadia Sebkhi n’impose pas des rêves, ou alors, elle les tisse en filigrane pour ne pas les perdre et l’on est assis à sa chaise, découvrant fil à fil la « consternation » de l’incompréhension et l’espérance blottie çà et là dans son écriture. Comme pour ne pas oublier que l’espace n’est pas seulement fait de douleurs, qu’il est aussi magie de l’instant, du mot qu’elle déroule « avec passion ». Fermant le portail sur la prison, ouvrant le regard et l’esprit sur la devanture d’un extérieur qui vous enrichit et vous signifie que les mots sont libérateurs des lieux ravagés.


Malgré un emploi du temps chargé en raison de la préparation du prochain numéro de L’ivrEscQ, la revue littéraire dont elle en est directrice de publication, Nadia Sebkhi a bien voulu accorder cette interview à Arabian People & Maghrebian World.


Arabian People : Vous souvenez-vous de votre tout premier écrit ?
Nadia Sebkhi : Je me souviens surtout de ma passion pour le mot. Toute petite à peine, je déchiffrais les lettres, j’aimais la magie du vocable et l'odeur des livres. A l’école primaire, lorsque la maîtresse de français nous demandait la signification d’un mot, je m’empressais à répondre par passion pour le mot lui-même contrairement aux autres matières alors que, depuis toujours, j’excellais en mathématiques et en sciences. D’ailleurs, pendant que les petites filles jouaient à la poupée, je collectionnais des mots que je pliais comme des lettres en les cachant un peu partout dans des livres ou des tiroirs précieusement. Il m’arrive de trouver des mots datant de mon enfance dans des livres. Voilà, en fait, mon premier souvenir de l’écriture.
Arabian People : Comment vous est venue cette envie d'écrire ? Etait-ce diffus ou quelque chose qui est arrivée progressivement, à la suite d'un "déclic" ?
Nadia Sebkhi : Toute jeune, je lisais tout ce qui me tombait entre les mains et lorsque je terminais ma lecture, j’écrivais la suite de ce que je lisais, à croire que le livre me semblait inachevé. Plus tard, à dix-sept/dix-huit ans, j’écrivais ma rébellion et tout ce qui me tenaillait de l’intérieur en amour, désamour, tabous et toutes les facettes du fatum. Cependant, la phrase creuse sans style poétique était raturée de facto de mon registre. J’avais un interminable cahier journal dans lequel chaque détail aussi ténu soit-il dans le temps ou dans l’espace était important. A partir de ces fragments de textes, je construisais mon histoire.
Arabian People : Bien que notre question peut vous paraître "dénudante", si vous aviez à vous définir, comment vous voyez-vous ?
Nadia Sebkhi : Insatiablement quêteuse. J'escalade vers le beau, l'absolu, l'inaccessible. Aussi, ce qui semble vital et important chez certains est sans importance chez moi ; bien évidemment, je pointe de l’index le syndrome de cette soif de posséder, du gain et de la vénalité. Je me surprends souvent naïve dans ma foi en l’autre. Mon grand leurre est que je crois profondément en l’être, niaiserie de ma part, mais c’est ainsi ! Néanmoins, je ne veux aucunement me muer en automate par une société qui façonne des êtres dans un conformisme tacite quand, pourtant, l'aigreur est de mise dans mon milieu professionnel. Etrangement, comme par grâce, à partir de ces interminables ''questionnements'', l’écriture se révèle féconde.
Arabian People : On dit que nos écrits sont toujours le reflet de notre Moi. Croyez-vous que cela soit vrai ? N'y a-t-il pas aussi le reflet de l'Autre ?
Nadia Sebkhi : Bien évidemment, le Moi est la force de nos écrits sans oublier que tout ce qui gravite autour tisse la trame de la vie ou même de l’écrit. Il arrive que par lubie, on raconte des délires dans nos écrits, mais ce sont des folies légitimes ; l’écrivain n’a jamais été un moralisateur ou donneur de leçon ; dans mon prochain roman, j’écris un être infâme, pourri jusqu’à l’impensable et parallèlement, un autre personnage, totalement son opposé. En fait, tout le long de mes romans, je campe des personnages Ange et Démon ou mi-ange mi-démon.
Arabian People : Lequel des deux a le plus votre faveur, dirons-nous : la poésie ou le roman ?
Nadia Sebkhi : J’aime ces deux exercices de l’écriture. Dans mes écrits, la poésie est l’instant fort empli d’émotions qui découlent. En revanche, avec le roman, j’ai du recul et l’écriture du roman reste longue et prenante. D’ailleurs, je ne puis comprendre l’écriture d’un roman sur commande. Cette réalité est effrayante pour la littérature universelle, d’où ma réponse à votre troisième question.
Arabian People : Vous êtes directrice de publication de L'ivrEscQ, le magazine littéraire : quelle est, aujourd'hui, la place des écrivaines/poétesses algériennes dans la littérature algérienne d'abord, puis dans la région méditerranéenne ?
Nadia Sebkhi : J’ai la chance et le hard boulot d’être à la croisée de la littérature algérienne. Triste réalité, les femmes écrivent de moins en moins, on ne voit pas la relève. Elles sont découragées par la complexité de l’édition, et l’éditeur lui-même a peur de promouvoir les auteurs car la machine promotionnelle est coûteuse. En définitive, les gens veulent lire mais ne savent pas quoi lire car les livres sont sous-médiatisés. L’ivrEscQ est le seul magazine en Algérie à promouvoir la poésie et la littérature avec ce pari de faire revenir le livre sur la scène socioculturelle. Je termine avec cette pointe d’optimisme : lorsque nous présentons des livres sur L’ivrEscQ, ils deviennent meilleures ventes, nous sommes contents d’être la passerelle entre les acteurs du livre et le consommateur. Cependant, nous avons encore du pain sur la planche.
-o0o-


Biographie de l'auteure
Nadia Sebkhi est chimiste de formation. Associée à la Société française SIPP : « de ma passion des laboratoires, de cette précision absolue des formules de la chimie, se révèle ma passion du verbe » dit-elle. Son premier roman Un amour silencieux est une prose sensuelle parue en 2004 aux éditions Dar El-Gherb. En 2006, c’est la publication d’un recueil d'errances, Sous le voile de mon âme. Les sanglots de Césarée et La danse du jasmin vont paraître prochainement.Ayant collaboré à plusieurs revues algériennes, en 2008, elle est fondatrice de la revue littéraire algérienne L'ivrEscQ. Elle a participé à plusieurs conférences en Algérie et à l'étranger parmi lesquelles les plus marquantes :
. 14 juin 2005, conférence autour du roman « Un amour silencieux » à la Bibliothèque Nationale d’Algérie.
. 24 juillet 2005, conférence intitulée « Rendez-vous des écrivains francophones et arabophones » au palais de la culture de Djelfa à l’occasion d’un colloque.
. 15 mai 2006, conférence intitulée « L’écriture au féminin » autour du livre «Sous le voile de mon âme».
. Juillet 2006, conférence intitulée « Rompre le silence » à un important forum des femmes de la Mitidja victimes du terrorisme.
. 28 septembre 2006, errance poétique à la Galerie Benyaa organisée par le groupe EAC Paris.
. 20 décembre2006, conférence intitulée « Voix plurielles » au palais de la culture Moufdi Zakaria.
. 24 mars 2007, conférence intitulée « Ecriture féminine algérienne de l’époque médiévale à ce jour » au Salon du livre de Paris, organisée par le Gouvernement français.
. 27 novembre 2007, conférence intitulée « Thèmes récurrents des écrivaines arabo-berbères » à un colloque international avec les écrivaines du monde arabe à l’occasion d’« Alger, capitale de la culture arabe 2007 ».
. 28 décembre 2007, conférence intitulée « Femmes écrivaines dans les sociétés africaines » en Guinée, rencontre organisée par PEN International.
. 24 janvier 2008, participation à une conférence autour de Kaddour M’hamsadji et d’Albert Camus à la Bibliothèque Nationale d’Algérie.
. 19 juin 2008, conférence : l'acte d'écrire, autofiction et rapport au réel dans le roman au Centre culturel français de Constantine dans le cadre de la coopération culturelle franco-algérienne.


mercredi 18 août 2010

Voyage en Algérie : rencontre impromptue avec Hayat-Eddine Khaldi

Hayat-Eddine Khaldi (gauche) et Souad Medja (droite). 


Nous sommes en fin de matinée. Sur les ondes de la station radio algérienne de langue française – la Chaîne 3 – l’émission « Point par point » est lancée par une voix vive, enjouée. Celle de la jeune animatrice Hayat-Eddine Khaldi (à gauche de la photo ci-contre). C’est à cette émission qu’elle invitera l’une de nos rédactrices, première étape du Spécial « Voyage en Algérie » que nous avons présenté en juillet dernier. L'émission est, depuis, remplacée par un autre programme...
Hayat-Eddine Khaldi est une jeune femme vive, aux cheveux noirs et aux yeux sombres brillants, pétillants de joie de vivre et de gentille malice. Elle n’est pas sortie tout droit d’une école de journalisme mais de la sérieuse Ecole nationale d’Agronomie d’Alger avec, en poche, un diplôme et une spécialité en foresterie et protection de la nature.

C’est pourtant dans l’animation radiophonique qu’elle commence avec des émissions sur l’environnement et, depuis, Hayat-Eddine Khaldi continue de faire carrière. Un parcours tonifié par sa personnalité dynamique et son incroyable contact avec des auditeurs qui, il faut bien le dire, téléphonent aux émissions qu’elle animera l’une après l’autre, plus pour échanger avec elle quelques mots que de se frotter aux questions des jeux qu’elle présente depuis six ans.

L’émission « Point par point », dont la conception et la production est de Mouloud Maatoub et réalisée par Souad Medja (à droite de la photo ci-dessus), ne durera qu’une année, tous les jours de la semaine. Une programmation qui reliait les citoyens algériens, sur la route, à leur travail ou à la maison, créant un monde « parallèle » qui donnait envie d’ouvrir ses dictionnaires pour apporter des réponses aux questions malicieuses de l’animatrice ... Bien sûr, elle ne se cantonnera pas à cela puisqu’elle présentera une grande émission, animée et réalisée par Yazid Aït Hamadouche qui n’est autre que l’animateur-réalisateur d’une autre émission consacrée à l’univers télévisuel et aux « accros » du petit écran. Elle surenchérit avec « Awtar », émission télévisée consacrée à la musique algérienne sur Canal Algérie, au cours de laquelle elle recevra des grands noms de la variété algérienne comme Saloua (dite Madame), Nadia Benyoucef, Khaled, Mohamed Lamine ou Biyouna.
Hayat-Eddine Khaldi sera l’invitée de l’émission musicale « Va y avoir du son » où chaque invité propose une « play » personnelle basée sur un choix de trois chansons qui se rattachent à des souvenirs personnels. Cette émission, animée par Amel Feddi et Hakim Cheniti, connaît un grand succès auprès des jeunes algériens. Ce parcours étonnant d’une jeune femme qui se destinait à la forêt et à l’environnement, ne l’est pas tant que cela parce que, dans son milieu proche, l'esprit d'ouverture préexiste car, il faut le préciser, elle n'est autre que la nièce, du côté maternel, de l’historien Amar Belkhodja, lequel citera respectivement l'animatrice et sa mère (qui lui apportera son aide dans sa recherche d'informations sur le poète Himoud Brahimi dit Momo dans son livre consacré au chantre de la Casbah (vieille ville) d’Alger et disparu en 1997. De cette esprit d'ouverture sur le monde, on peut dire que le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre.
Arabian People & Maghrebian World tient à remercier Hayat-Eddine Khaldi pour avoir bien voulu répondre à toutes ses questions.

vendredi 13 août 2010

Kadda Cherif Hadria : le Raï se meut en silence...


Silhouette fragile comme paille pliant sous la tempête alors qu’il dégage un certain calme, tenue modeste et traits marqués,
Kadda Chérif Hadria retient le regard avant que de l’avoir écouté. Et l’on est plus encore étonné d’entendre sa voix quand il chante, une voix puissante surgissant comme celle d’un baryton-martin, pleine et ne laissant aucun vide dans l’espace. Je l’ai rencontré en juillet mais n’étant pas très au fait de certains styles de musique, je n’avais pas mis de nom sur cette personnalité aux allures à la fois tourmentées et sereines. Nous avions parlé de choses et d’autres et, la curiosité naturelle venant, il me dira être chanteur mais qu’il ne chantait plus depuis un bon moment en raison d’un accident qui le laissera dans le coma pendant plusieurs jours : il marchait avec une légère gêne bien que gracile si tant est que l’on peut parler de gracilité chez un homme. Pour Arabian People & Maghrebian World, je lui demandai son nom : Kadda Chérif Hadria. Son accompagnatrice et chargée de presse Chantal Perrin promit de nous adresser un press-book dès que possible.

Et nous voici : une voix chargée d’un certain style, celui du Raï, chant populaire de l’ouest algérien aujourd’hui mondialement connu. Mais ce que l’on ne sait pas, c’est ce Raï qui sort des entrailles, qui déchire les tripes et vous enveloppe d’une chape tragique aussi envoûtante qu’un narguilé en fin de soirée. Le Raï de Kadda Chérif Hadria, c’est celui d’une Cheikha Remitti (aujourd’hui disparue, la maîtresse divine du Raï) auquel il ajoute une voix prenante, rappelant une autre voix disparue de l’ouest algérien, Ahmed Wahbi, qu’il admire, et enfin les inflexions de Blaoui Houari dont on pourrait même dire qu’il en est le jumeau vocal.

Bien sûr, ses titres jouent aussi sur les consonances jazzy et même avec un soupçon de reggae comme on l’entendra dans l’une de ses compositions. Le violon de Mohamed Mokhtari (Premier violon de l’Orchestre national algérien des années 70-80, qui accompagnera les plus grands de la musique algérienne) apporte la douceur à la rudesse parolière et musicale et le saxophoniste Mustapha Mattaoui et le trompettiste Arthur Simon lui donnent cette touche de jazz qui transporte le Raï naturel de Kadda Chérif Hadria dans l’univers du Raï d’aujourd’hui. Lorsqu’il sortira son titre « Djezaïr », le mensuel Les Inrockuptibles, très au fait de la musique Raï, parlera de lui dans son édition du 2 octobre 2001 ainsi : « un artiste parfaitement original, riche d’un univers audacieux, entremêlant mélodies et rythmes traditionnels arabes aux sonorités les plus contemporaines par la grâce d’arrangements malins empruntant autant au jazz qu’au rhythm’n’blue [...] Kadda Chérif Hadria poursuit avec Djezaïr sa quête d’une musique qui embrasserait les cultures du monde méditerranéen ».

Le puriste aurait, certes, préféré entendre une voix pareille avec seulement un bendir (sorte de tambourin large et plat) et un naï/gasba (flûte orientale/algérienne) car l’on aurait pu se délecter de ses chaudes tonalités, aussi rocailleuses que le littoral algérien, avec ses pentes escarpées qui plongent abruptement dans la mer Méditerranée tandis que ses sommets se couvrent de la douceur des arbres pareille aux « Amane amane, ya bouya ya bouya », ce mawwal algérien qui se chante avec des inflexions andalouses dans l’ouest algérien et vous prend à la gorge.


Dites-nous, Kadda Chérif Hadria, quand donc redonnerez-vous de ces instants avec la nostalgie du Raï, qui fut une révolution aux abords du 19e siècle algérien, repoussant les bien-pensants dans leurs retranchements rigides, apportant un souffle précurseur plus qu’un insipide « Aïcha » qui sacrifie à la commercialisation et à une « modernité » qui n’apporte rien ?
Après son accident, Kadda Chérif Hadria a arrêté de chanter. Le rêve brisé ? L’élan épuisé ? On ne le sait car nous avons eu la pudeur de ne pas aller plus loin dans notre questionnement. Cependant, s’il pouvait relancer le Raï à la « Hadria » et ce souffle de liberté, il redirait cet amour d’un pays qui lui a donné cette maturité généreuse, ce « rouh musiqi » (âme musicale) car, comme il nous le dira, en touchant la place de son cœur : « je chante surtout l’Algérie car l’Algérie est à l’intérieur de moi ».
Pour l’instant, Kadda Chérif Hadria devrait se produire prochainement dans un concert parisien.


F.C-A.

mardi 10 août 2010

Nassima Bouslah, poétesse et romancière algérienne


« La stature d’un écrivain ne se mesure pas par le nombre de ses écrits mais plutôt par le nombre de feuilles qu’il a déchirées »
Nassima Bouslah


Par Monia Boulila

Nassima Bouslah est née, le 2 avril 1979, à Constantine (Algérie). C’est là qu’elle a eu son baccalauréat section Sciences naturelles et Sciences de la vie en 1997. Elle obtient, ensuite, la licence en Langue et Littérature arabes en 2001, un master en Littérature populaire et Etudes du patrimoine avec « mention très bien » en 2005.  Nassima Bouslah a occupé le poste de maître assistant dans le département de langue et littérature arabes à l’université Mentouri de Constantine en décembre 2006 et où elle y restera jusqu’au mois de février 2009 avant de partir et s’installer aux Emirats Arabes Unis.

Parmi ses publications et études, on compte : - « Les prémices de la tempête », son premier recueil de nouvelles édité par le ministère algérien de la Culture, Alger 2004 ; - « Le code dans la poésie algérienne contemporaine », étude publiée par le ministère algérien de la Culture, Alger 2004 ; - « La dialectique de l’amour et de la mort dans le roman d’El Boughi », étude publiée par le ministère algérien de la culture, Alger 2009 ; - « L’oiseau et le collier » : lecture interprétative des contes populaires aux Émirats Arabes unis, étude édité par Dar El Fajr, Aboudabi, 2009 ; - « Le deuil du Tango » recueil de poésie – Dar Nino, Damas 2010. De même qu’elle a publié des études dans des revues indexées sur les thèmes du conte populaire et le patrimoine (2). Elle a reçu plusieurs prix et distinctions dont les plus importants : le prix du Président de la République algérienne pour les meilleures œuvres de poésie en juin 2008 et le Prix de Dubaï pour la culture pour son recueil « Le deuil du Tango », en octobre 2009 (2).

Pour  Nassima Bouslah, l’écriture littéraire ne doit pas obéir forcément aux règles imposées par l’académique et qu’elle reste fidèle au texte comme il vient, refusant de l’arranger et de le soumettre aux normes académiques. C’est que le texte littéraire est un secret qui dévore son écrivain pour paraître ensuite dans toute sa beauté.
Ainsi la stature de l’écrivain ne se mesure pas par le nombre de ses écrits mais par le nombre de feuilles qu’il a déchirées !

العكاز

العكاز فرار الخطوة من الوأد
العكاز نجاة النعل من المسبة والرجل من الآخرة
عكاز
للكلام المورم بالصمت عكاز
للعين التي تعرج بالعمى
عكاز
للبحر الذي يحتاج أن يصبح جبلا من الملح والأسماك والغرقى
عكاز
للجبل الذي يؤدي صلاته دائما واقفا
عكاز
للغيم الذي تشظيه الشمس
عكاز
للشمس التي تنتفخ قدماها من نعال الوقت وهي واقفة فوق الرؤوس
عكاز
للمفتاح الذي يعرج بالصدأ كي يصل إلى قفل خاطئ
عكاز
للسمكة التي نسيت أن تكمل قدميها وهي تتكون
عكاز
لأصغر عقرب في الساعة التي تحب أن تحدث الأشياء عندها قبل الآخرين
عكاز
للحائط الذي يتكئ علينا لأن ظهورنا من الاسمنت
عكاز
لكل الأشجار التي شرخت في جذوعها لكي تصير عكازا
عكاز
للظل حتى لا يبقى بائسا وطويلا ورماديا
عكاز للأسود في الرمادي كي يصير أسود
عكاز للأبيض في الرمادي لكي يصير أبيض
عكاز
للماء كي لا يصعد عطشا إلى فوهة الغيم
عكاز
للصرير الذي خذلته أنبوبة القلم الفارغة
عكاز
لهذا الكون الذي هو أعرج ورث كشحاذ
عكاز
للنوم كي ينقر الوسادة بالنوم
عكاز
لكم انتم الذين تنبتون في رأسي كحدائق الفطر السحري
أنتم... أبالسة النية الثرثارة، الذين ترقعون الخطوة بالخيط، والنعال بالصمغ، كيف
أقتلكم جميعا
وأنااااام
La béquille
C’est la fuite du pas pour ne pas être enterré vivant
La béquille
C’est le sauvetage de la chaussure de l’insulte et du pied de l’Au-delà…
Une béquille
Pour les paroles tuméfiées par le silence
Une béquille
Pour l’œil qui boite de cécité
Une béquille
Pour la mer qui a besoin de devenir une montagne de sel, de poissons et de corps noyés.
Une béquille
Pour la montagne qui accomplit sa prière toujours debout
Une béquille
Pour le nuage éclaté par le soleil
Une béquille
Pour le soleil dont les pieds sont gonflés par les chaussures du temps tout en restant debout au-dessus des têtes
Une béquille
Pour la clé qui boite de rouille pour atteindre une serrure erronée
Une béquille
Pour un poisson qui oublie de se doter de pieds lors de sa création
Une béquille
Pour la plus petite aiguille de la montre qui désire que les choses se passent avant tout en elle et avant les autres
Une béquille
Pour le mur qui s’adosse sur nous car nos dos sont de ciment
Une béquille
Pour les arbres qui ont été mutilés de leur tronc pour devenir béquille
Une béquille
Pour l’ombre, pour ne pas être misérable, longue et grisâtre
Une béquille
Pour le noir-gris pour qu’il soit noir
Une béquille
Pour le blanc-gris pour qu’il soit blanc
Une béquille
Pour l’eau pour que de soif, elle évite de faire son ascension à l’ouverture du nuage
Une béquille
Pour le grincement trahi par la cartouche vide du crayon
Une béquille
Pour cet univers boiteux et pauvre comme un mendiant
Une béquille
Pour le sommeil, pour qu’il pique l’oreiller par le sommeil
Une béquille
Pour vous qui poussez, dans ma tête, comme des champs de champignons magiques
Vous
Les démons de l’intention bavarde qui raccommode le pas par le fils
Et les chaussures par la colle
Comment puis-je tous vous tuer
Et je m’endoooooooooors ?
_________________________________
(1) Comme « Le conteur populaire dans le patrimoine narratif constantinois. Le cas d’« El Boughi », publié en langue arabe dans Insanyat n° 35-36, la revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales du Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle.
(2) En 2005, elle reçoit le 2e prix du concours de la meilleure création poétique, confié à l’association Assouat El Madina par la Wilaya de Constantine. à l’occasion du 50e anniversaire de la révolution du 1er Novembre 1954.

dimanche 1 août 2010

L'été des festivals : 6e festival de Djemila

Un autre lieu antique a connu l’effervescence culturelle des festivals d’été : Djemila, cité romaine (Sétif, à l’est de l’Algérie).
Le 6e festival arabe de Djemila, commencé le 22 juillet 2010, a pris fin hier, le 31 juillet. Une ouverture remarquée car l’on y a donné « Zanobia, maliket Echarq » (Zénobie, reine d’Orient), spectacle dont la mise en scène et chorégraphie sont de Jihad Mefleh, qui n’est autre que le directeur de la grande formation syrienne de danse, Inana.
Baalbek était représentée par l’un de ses fils, Assi el-Hillani, lequel était déjà venu au festival de Djemila.
D’autres artistes venus de pays du Maroc, avec la chanteuse Latifa Raefat, de la Tunisie avec Saber Rébaé, d’Arabie Saoudite avec le chanteur Waed.
Mais l’Algérie aussi a offert un grand plateau de talents qui, bien sûr, chanteront le Raï, musique très prisée par les jeunes algériens, comme, par exemple, Chebba Djemila, Cheb Bilel, Hakim Salhi, Cheb Yazid, ou comme Naïma Ababsa (photo à gauche) qui est la fille de l’un des grands noms de la musique populaire algérienne, le cheikh Ababsa, ou encore, Abdelkader El-Khaldi, Bekakchi El-Kheier.

L'été des festivals : Festival international de Baalbek


Le festival international de Baalbek est, sans conteste, l’un des plus anciens événements du Proche-Orient arabe car il fut inauguré en 1956, en présence de Jean Cocteau alors. Bien sûr, la carrière du festival fut interrompue durant une vingtaine d’années par la guerre et ne reprit qu’en 1996.

Dans un lieu mythique, Baalbek, cité antique où les temples de Jupiter et de Bacchus se contemplent depuis des siècles, la musique, la danse traditionnelle et moderne et le théâtre donnent un spectacle grandiose avec des noms prestigieux comme les frères Rehbani, concepteurs de comédies musicales réputés, la cantatrice libanaise Fairouz ou, pour cette édition 2010, le grand ‘oudiste Naseer Shamma, un précurseur dans l’évolution du célèbre luth oriental puisqu’il joue avec un instrument composé de huit cordes au lieu des six cordes classiques. Le musicien-compositeur, qui a fondé une école au Caire, est accompagné de trente élèves qu'il a formés.
Les derniers jours du festival verront un spectacle de Melhem Barakat et Ghassan Rahbani, « Beaucoup d’amour... tue » qui a pour thème le conflit (pas méchant) entre la musique orientale et la musique occidentale. Le festival qui a ouvert ses portes le 24 juin dernier avec, notamment, un concert pop de Mika, chanteur d’origine libanaise, se terminera le 7 août avec la comédie de Barakat et Rahbani.

 Renseignements :
Tél. : +961 1 373150 /1/2
Mob. : +961 3 041006 /7
E-mail : baalbeck@baalbeck.org.lb
Website : http://www.baalbeck.org.lb/
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