Créé en 1998 et patronné par l’Unesco, avec le soutien de la Mairie et l’Institut du Monde arabe, le festival accueille chaque année près d’une centaine de poètes, conteurs, écrivains, chanteurs et musiciens issus des rives de la Méditerranée.
Une part belle est faite au monde du Maghreb et Proche-Orient arabe. C’est ainsi que l’on enregistre la participation des participants venus de ces rives ...
Algérie : Abdelhamid Laghouati, Jamel Eddine Bencheikh, Zineb Laouedj, Achour Fenni, Hamid Tibouchi (artiste peintre également), Habib Tengour (parmi ses écrits, « Poisson de Moïse »), Salima Aït Mohamed, Hadjira Oubachir, Mohammed Kacimi, Rabia Jelti, Abderrahmane Djelfaoui, Azeddine Maïhoubi, Ibrahim Seddiki, Rachid Boudjedra (auquel L’Ivrescq, la revue algérienne de littérature, a consacré son dernier numéro – cf. notre article publié sur cette publication en juin dernier), Fouzia Laradj, Lazhari Labter (éditeur mais aussi poète et auteur tout récemment de « La cuillère et autres petits riens »), Boubakeur Zemmal, Nadjib Anzar, Samira Negrouche, Mustapha Benfodil, Nassira Mohammedi, Miloud Hakim (directeur de la Culture de la Wilaya de Tlemcen, auteur de « Les escaliers de l’obscurité »), Ali Meghazi, Azerradj Ouamar.
Abderrahmane Djelfaoui, « Le mûrier »
« Le mûrier s'imbibe / de lumière / laissant ses feuilles vertes / s'égoutter de vent /Au cœur des branches / sommeillent des étoiles / oublieuses / de la règle des lunes Tel un Indien / il descend d'une peuplade / imperceptible A quoi bon / se dit-il / narines soufflées / sel sables et vents les yeux lents / rouges / comme la canicule / qui se rit d'une pluie à quoi bon / commander / à la colonne vertébrale / éveil de la nudité à quoi bon / d'un destin / peler / montagne du temps. »
Arabie Saoudite : Rym El-Fahd, Ibrahim Al-Housein, Ahmed Almulla, Mohammed Al-Herz, Abdullah Thabet, Ghassan Alkhunaizi, Hamad Al-Faqeeh.
Bahreïn : Qassim Haddad, Imane Assiri, Ibrahim Bu Indi, Sawsan Dahnim, Nabeela Zubari, Fatima Al-Taitoon.
Qassim Haddad, extrait « Histoire de la pierre », traduction de Samira Ammou
« 1 A toi cette pierre ancienne. Je l'ai inscrite dans l'oubli d'une foudre passagère, Nom donné à la lettre qui n’est pas dans les paroles de la nuit. Je l'ai faite géométrie de la nature et, de ses feux.
2 Laisse ton eau cosmique écouter le lointain. Et tel un papillon, Attends que fredonne le cauchemar. Laisse s’écouler ta lignée dissipée. Laisse ta voix d’eau me lire. Et laisse-moi en sombrant dans le désir du texte-océan, Fouiller les exégèses des significations. Peut être nous réfugierons-nous alors, dans ton paradis ouvert à tous.
3 Tu te tiens à côté d’une pierre Qui entend le séisme étouffé dans le cœur. Quelqu’un tourne autour de toi depuis des siècles. De toi, il n’entend que le silence, Sans rien comprendre. Ne sous-estimes pas la pierre. Elle garde tes secrets ; Et par cœur, Elle apprend les métamorphoses du sang dans ton cœur. Une pierre se tient à côté de toi On dirait ton sosie ancien.
4 Tu n’es point tout seul Avec la pierre. »
Egypte : Mohamed Farid Abou Seeda, Ahmad Yamani, Bashir Al-Sebaï, Mohamed Ibrahim Abou Senna, Mohamed Metwally, Abdel Moneim Ramadan, Safaa Fathy, Osama Danasori, Gamal Al-Kassas, Ghada Nabil, Rana Al-Tonsi, Iman Mersal, Zahra Yostri, Hoda Hussein, Nagat Ali, Karim Abdel-Salam, Imad Hassan Abou Saleh, Yasser Adel-Latif, Wael Abdel Fattah, Fatma Kandil.
Mohamed Metwaly, extrait de « La sainte de l’arbre », traduit de l’anglais par Ghislaine Le Dizès
« Elle a hissé son corps entre deux branches d’arbre, dans l’allée boisée d’une banlieue Plusieurs personnes lui ont demandé de descendre, Prétextant qu’ils étaient inquiets, Mais elle ne leur a pas jeté un regard. D’autres ont simplement suspendu leurs têtes dans l’air pour un moment, L’observant tandis que leurs pieds continuaient de marcher. Elle leur a souri. C’est une chose commune, par les temps qui courent, de voir une femme nue au sommet des arbres dans quelque banlieue. Et, pour le prouver, pas un des chiens qui passaient n’a objecté. Ils ont juste aboyé leur bref salut, aussi rugueux que l’écorce, Et ont passé leur route. »
Emirats Arabes Unis : Maisoon Saker, Nujoom Alghanem, Khaled Albudoor.
Irak : Saadi Youssef (Prix international Argana 2009, auteur prolifique de recueils de poésie et d'un roman « Le triangle du ciel »), Kadhim Jihad (traducteur d’auteurs comme Gilles Deleuze), Abdel Kader El-Janabi, Sargon Boulus, Salah Al-Hamdani, Khalid Al-Maaly, Fadhil Al-Azzawi, Samuel Shimon, Basem Al-Meraiby, Hashem Shafiq, Karim Fawzi, Gulala N’Ahmed.
Kadhim Jihad, « Extases »
« Pays-limite, temps en lisière du temps, l’exil a voulu que j’oublie les multiples étapes de ma fatigue, les noms des fleurs et le parfum des roses, les échelles des sentiments que je savais, jadis, divers et hiérarchisés, ainsi que les oiseaux et les strates du désir. Aujourd’hui, je me vois envahi,dans la même journée, d’innombrables extases – et je ne trouve jamais son vrai nom pour une chose, ni à un nom sa chose. Je pense au moindre point de cette contrée lointaine et je maudis l’oubli. Je rêve d’une enfance retrouvée, je parle d’avenir. Je frôle la pourpre des anémones et la déclare papillon. Je vois des nuages en fuite et crie : mes superbes montures ! »
Jordanie : Amjad Nasser, Taher Riad, Hussein Jelaad, Zeyad Alanani, Hikmat Nawayseh, Walid Alswairki.
Liban : Claire Gibeyli (auteur de « Dialogues avec le feu : carnets du Liban », de « Cantate pour l’oiseau mort » qui fut son premier roman), Ismaïl Faquih, Issa Makhlouf, Joumana Haddad, Tamirace Fakhoury, Mohammed Ali Chemseddin, Vénus Khoury-Ghata, Salah Stétié (auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages dont « Les sept dormants au péril de la poésie », un thème récurrent et que l'on retrouve chez la poétesse franco-tunisienne Amina Saïd), Abbas Beydoun (auteur du magnifique recueil « Le poème de Tyr » traduit par Kadhim Jihad), Abdo Wazem, Sabah Zouein, Akl Awit, Inaya Jaber, Wadih Saadeh, Paul Chaoul, Antoine Boulad, Yehia Jaber, Youssef Bazzi, Fidel Seity, Ritta Baddoura, Etel Adnan (auteur de plusieurs ouvrages de poésie et romans comme "Sitt Marie-Rose" paru aux Editions Tamyras), Sabah Zouein, Iskandar Habache.
Abbas Beydoun, extrait « Le poème de Tyr »
« Qui suis-je, pour vous guider, pour vous montrer les pierres sur lesquelles nous sommes nés reptiles, au moment où la ville levait sa tête depuis la mer ? Elle nous nourrissait de soleil et de sel et, dans le creux de nos mains, nous avons mangé du poisson vivant. Les eaux nous soulevaient au-dessus de la pierre, tandis que nous apprenions, tous les jours, des mots et pensées nouveaux. Nous étions couverts de sable quand nous nous réfugiâmes sur les rivages. Nous nous sommes abandonnés aux laveurs de sable qui nous enveloppèrent d’écume mûrie à la brise nocturne ; et sous une vague, nos sortîmes de nos coquilles. »
Libye : Khaled Darwish, Khaled Mattawa, Mohamed Abdulghani El-Kish, Abdussalam Al-Ujaili, Abdul Fattah Elbishty, Habib Assanoussi, Hawa Alkamoudi, Idriss El-Tayeb Al-Amin, Abo Kasem Mazdawi, Saleh Al-Reda, Salem El-Oukaly, Khouloud Alfaleh, Salem Souad.
Maroc : Mohamed Serghini (prix international de la poésie Argana en 2004), Mustafa Nissaboury, Hassan Najmi, Wafaa Lamrani, Hassan El-Ouazzani, Abdelatif Lâabi (le fondateur de la revue « Souffles » en 1966), Abdallah Zerika, Yassin Adnan, Mohamed Bachkar, Abdelmajid Benjelloun, Mohammed Hmoudane, Abderrahim Elkhassar, Abed Alkarim Altabal, Mohammed El-Amraoui, Mohammed Bennis, Mahmoud Abdelghani, Siham Bouhlal (auteur notamment de "Princesse Amazighe" paru chez Al-Manar), Moubarak Ouassat.
Abdelatif Lâabi, « Tribulations d’un rêveur attitré »
« Ce n’est pas une affaire d’épaules ni de biceps que le fardeau du monde Ceux qui viennent à le porter sont souvent les plus frêles Eux aussi sont sujets à la peur au doute au découragement et en arrivent parfois à maudire l’Idée ou le Rêve splendides qui les ont exposés au feu de la Géhenne Mais s’ils plient ils ne rompent pas et quand par malheur fréquent on les coupe et mutile ces roseaux humains savent que leurs corps lardés par la traîtrise deviendront autant de flûtes que des bergers de l’éveil emboucheront pour capter et convoyer jusqu’aux étoiles la symphonie de la résistance. »
Oman : Saif Alrahbi, Zaher Algahafiri, Mohammed Al-Harthy, Saleh Al-Amri, Issa Samaa.
Saif Alrahbi
« Elle se réveille au bout de la nuit Elle jette un œil sur le boulevard vide, Sauf des souffles saccades, qui la traversent D’un temps à autre. Seul, le sommeil marche, en vadrouillant Entre ses tribus barbares, Devant lui un groupe de nains. Là-bas des têtes irréelles regardent d’une fenêtre Les restes de la neige collante avec les bords, comme Si elles regardent sa dernière part D’héritage des ancêtres. Les lanternes se poussent avec les épaules, venant Des cavernes anachroniques Qui n’emportent aucun secret. Le ciel est vacant des étoiles Les chameaux traversent le désert en cherchant Les tentes de la tribu Les trains rêvent des voyageurs. Aucune personne … rien Ferme le rideau Peut-être tu ne peux pas supporter La Seine d’une ville qui se réveille. »
Palestine : Imad Saleh (auteur entre autres de « Prières de lumière » dont Marc Dehez dira qu’il « est une étape importante de son voyage intérieur, au côté de son peuple. Imad a retrouvé ce qui est au fond de toute âme humaine : la puissance de l’amour, les mystères des origines... »), Mohammed Zakaria, Siham Daoud, Mustapha Ateek, Salman Masalha, Jihad Hudaid, Anas Alaili, Tarek Al-Karmi, Basem Alnabriss, Khaïri Mansour, Ghassan Zaqtan, Bashir Shalash, Naser Jamil Shaath, Mazen Maarouf, Zuhair Abu Shayeb.
Rasem Almadhon qui devait être présent, n'a pu participer au festival pour avoir reçu un refus de visa, ainsi qu'il l'a écrit à notre correspondante Monia Boulila : aucun motif ne lui a été donné et il est dommage que la poésie soit ainsi sanctionnée quand les poètes de par le monde oeuvrent pour se rencontrer et faire entendre leurs Voix sans distinction et sans discrimination aucunes. Le poète palestinien n'a pas eu assez de temps, lors du traitement de sa demande de visa, de sorte que les organisateurs du festival puissent intervenir.
Rasem Almadhon qui devait être présent, n'a pu participer au festival pour avoir reçu un refus de visa, ainsi qu'il l'a écrit à notre correspondante Monia Boulila : aucun motif ne lui a été donné et il est dommage que la poésie soit ainsi sanctionnée quand les poètes de par le monde oeuvrent pour se rencontrer et faire entendre leurs Voix sans distinction et sans discrimination aucunes. Le poète palestinien n'a pas eu assez de temps, lors du traitement de sa demande de visa, de sorte que les organisateurs du festival puissent intervenir.
Imad Saleh, L’ami éternel in « Prières de lumière »
« Il a traversé des siècles de souffrances, Intact et splendide, Pour annoncer des matins de fêtes Sur cette terre d’amour et de soleil Pour pouvoir enfin, entre vos larmes et vos paupières, Signer son nom éternel : l'Espoir. »
Syrie : Salwa al-Neimi (auteur de « Borhan el-Assal »/La preuve par le miel, un livre qui bousculera bien des personnes), Nazi Abou Afach, Nouri Jarah, Aïcha Arnaout, Maram Al-Massri, Faraj Bayrakdar, Ahmad Sleiman, Bandar Abdelhamid, Mohammed Fouad, Mohamed Hussaini, Omar Kaddour, Monzer Masri, Saleh Diab, Roula Hassan, Hazem Alazmah, Hussein Ben Hamza, Hussain Elshaikh, Hanadi Zarka, Aref Hamza.
Tunisie : Béchir Kahwaji, Mohammed Ghozzi, Moncef Ghachem, Abdelwahab Meddeb, Moncef Mezghanni, Slaheddine Haddad, Amina Saïd, Tahar Bekri, Abderrazak Sahli, Khaled Najar, Moncef Louhaïbi, Tarek Ben Chaabane, Amel Moussa, Abdelaziz Kacem, Najat Adouanii, Sami Nasr, Jalel Babay, Aymen Hacen, Azouz Jemli, Abdelfatah Ben Hamouda, Youssef Khadim Allah, Muhammed Awlad Ahmad, Maha Ben Abdelhadim.
Béchir Kahwaji, trois poèmes traduits de l’arabe par Mohamed Rafrafi (lui-même poète et auteur de « L’écume des mers »)
« Si une ville / aussi vaste que mon rêve / Si un automne / sans orangers / Si un train dans l'étendue…
--- Trouble, le chemin vers toi. / Eteintes sont tes lampes. / Entre mon désir et ton éloignement, / les nuages de cet éternel automne. / (Je me perds dans la parole comme si je pleure une patrie ou un amour) / Sans toi, je ne serais dans le poème / qu’amas de vides, / de voix ténébreuses / Et de mélancolie. / (Ni patrie, ni Histoire, mais seulement ces mots brisés comme du verre) ».
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