En décembre 1985, disparaissait l’un des grands noms de la peinture moderne algérienne : M’Hamed Issiakhem. Il était l’ami de l’écrivain Kateb Yacine, de la non moins grande artiste-peintre Baya. Il disait « qu'un pays sans artistes est un pays mort. »
Né, en 1928, près d’Azzeffoun, joli port du littoral de la Grande-Kabylie (Algérie), il vivra avec sa famille cependant dans l’ouest algérien où son père y travaillait. Mais c’est dans la capitale qu’il s’installera (1947) pour faire ses premiers pas dans la peinture en s’inscrivant à la Société des Beaux-arts puis, à l’Ecole normale des Beaux-arts d’Alger et, cela, jusqu’en 1951. C’est durant cette période qu’il étudiera la miniature auprès des grands maîtres Omar et Mohamed Racim et qu’il fera la connaissance de l’écrivain Kateb Yacine.
Né, en 1928, près d’Azzeffoun, joli port du littoral de la Grande-Kabylie (Algérie), il vivra avec sa famille cependant dans l’ouest algérien où son père y travaillait. Mais c’est dans la capitale qu’il s’installera (1947) pour faire ses premiers pas dans la peinture en s’inscrivant à la Société des Beaux-arts puis, à l’Ecole normale des Beaux-arts d’Alger et, cela, jusqu’en 1951. C’est durant cette période qu’il étudiera la miniature auprès des grands maîtres Omar et Mohamed Racim et qu’il fera la connaissance de l’écrivain Kateb Yacine.
Dans la même année, sa première exposition a lieu à la galerie André Maurice à Paris qui célèbre alors son bimillénaire. Sa carrière ira en progressant, sa peinture suscitant l’intérêt et la reconnaissance hors et à l’intérieur de l’Algérie. M’Hamed Issiakhem sera un des membres fondateurs de l’Union nationale des Artistes Peintres (UNAP) en 1963. Il sera suffisamment longtemps à l’étranger ; pourtant, c’est dans son pays qu’il voudra vivre, même après de longues années passées à Paris où il sera ergothérapeute auprès d’enfants handicapés mentaux. Et c’est sur la terre rouge algérienne qu’il rendra son dernier souffle, il y a de cela vingt-cinq ans.
Tout au long de sa vie, sa peinture a été le témoin vivace de ce que l’Algérie traversait durant la guerre d’indépendance, comme l’illustration de la torture dans la revue « Entretiens » alors que se déroule le procès d’une grande figure héroïque de l'Agérie, Djamila Bouhired. Le monde qu’il déroulait sous nos yeux prenait des allures d’êtres en souffrance, perdus dans les méandres d’une vie du quotidien pas toujours réjouissante. Il nous renvoyait notre image à partir de sa propre image, en souffrance, dans la beauté intérieure et la laideur de l’extérieur – comme ce tableau où l’on voit des silhouettes imprégnées d’ombre et comme allant s’enivrer dans quelque bar opaque. Et cette peinture offrait aux regards ce que l’on pourrait appeler « le bleu Issiakhem » où des fondus mêlent ce bleu inimitable à des touches grises toutes en nuances comme le « Carré bleu », une huile peinte en 1983.
Homme parlant peu de son art en public, notamment devant la presse, son regard était curieusement intérieur, même quand il exposait sa pensée dans ses toiles. Et même lorsqu’il recevait les honneurs comme le 1er Simba d’Or de Rome, une distinction de l’Unesco, il allait au-delà et la sourde mélancolie, la grisaille de ces êtres qu’il peignait disaient l’homme qu’il était derrière le personnage du peintre que l’on croyait comprendre. Tout était dans cette émotion qu’il répugnait à dire mais qui se montrait, dans ce silence qu’il peignait même quand il lui prenait souvent de rire dans les grandes discussions qu’il avait avec ses amis intimes.
Aujourd’hui encore, on est à se poser la question de qui était M'Hamed Issiakhem ? Il faudrait une anthologie pour le découvrir. Pour ceux qui l’auront rencontré, côtoyé ou après avoir entendu ceux qui le connaissaient mieux que quiconque, on ne pourrait prétendre le connaître véritablement. La seule chose qui est réelle, présente, c’est que ce grand peintre a eu raison de naître Algérien, parce que mieux que quiconque - hormis ses pairs- il a su lui donner sa mémoire... et l’Algérie d’aujourd’hui pourrait pleurer pour ce qu’elle n’est pas « vivante », embourbée dans la nébuleuse pétrolière et les villas rutilantes où la peinture ne trône que parce que cela « fait bien ».
Au-delà du temps, le visage de M'Hamed Issiakhem, son empreinte dans l’univers algérien perdureront... et ainsi que l’écrit le poète Kamel Yahiaoui dans son poème consacré au Maître:
Salut aux murs où sont gravées les caresses de l’ancêtre
Dévoilons les pierres où repose l’araignée qui tisse la toile de la réconciliation »...
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