Mohamed Arkoun n'est plus. Il s'est éteint, ce mardi 14 septembre 2010 à Paris. Il était âgé de 82 ans.
J'ai été l'une de ses étudiantes à la Sorbonne Nouvelle et même si je n'appréciais pas son côté abrupte dans sa manière d'enseigner, il n'en demeure pas moins que je respectais le philosophe, le penseur Mohamed Arkoun qui a tenté d'apporter une réflexion critique à la pensée musulmane et a beaucoup travaillé sur l'approche historique et logique de l'islamologie. Il nous a appris, à nous ses étudiants, à travailler avec la rigueur qui s'impose en toute recherche, à ne pas se contenter d'a priori ou d'idées fumeuses qui ne serviraient en rien la recherche en islamologie ou en tout autre recherche...
Il a écrit de nombreux ouvrages dont "La fibre humaniste dans la pensée arabe", "La pensée fondamentaliste", "Vers une autre histoire de la pensée islamique", "L’Islam, l’Europe et l’Occident", "Où est la pensée islamique contemporaine", "La pensée islamique : critique et Ijtihad" (effort de réflexion pour l’exégèse du Coran), "Lectures du Coran", "Penser l'islam aujourd'hui". Ces dernières années, il avait animé une émission à Radio Orient où il avait explicité ce qu'il entendait, par exemple, par "islamique" et "musulman"...
Pour l'historien-philosophe, les doctrines étaient faites par des doctrinaux qui n'étaient pas forcément des croyants (émission "Islam" sur France2) et les musulmans de la première période de l'Islam n'étaient pas les musulmans du 10e siècle, à Baghdad ou à Damas. L'auteur de la "Critique de la Raison islamique" posait la question de "Pourquoi recourir à l'histoire ?" si ce n'est "pour analyser justement le sens de la Foi". Pour lui, la "Raison a quitté la foi islamique".
Reproche que lui font bien des musulmans de l'Islam ritualisé d'aujourd'hui et non plus spirituel ; pour eux, cette manière de faire l'exégèse du Coran en se référant à l'histoire n'étant pas recevable, le Coran étant Parole inamovible, ne pouvant faire l'objet de critique historique parce que message divin.
Son inhumation aura lieu à Casablanca (Maroc) et non pas, comme on aurait pu le penser, en France ou en Algérie... parce qu'il l'avait souhaité. Il sera inhumé vendredi. Son épouse Touria el-Yaakoubi et sa fille Sylvie assisteront à cet ultime voyage ...
Au revoir, monsieur le Professeur ...
F. C-A.
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