A qui revient-il le devoir d’écrire une épitaphe sur une personne ? Pas à moi, dans tous les cas. Je ne connaissais d’Abdelwahab Meddeb que sa stature d’écrivain, son visage aux traits d’une grande humanité et une voix sur les ondes. Cependant, la frustration est là. Présente. Parce qu’il est un visage de mon univers de pensée, géographique, intellectuel. Je crois que, ce soir, un ami qui n’était pas le mien, est devenu en l’espace d’un instant un ami pour l’éternité. Il n'est pas parti seul et un peu plus loin, toujours en terre de France, un poète de la musique : Manitas de Plata, de son vrai nom Ricardo Baliardo, ne fera plus entendre le tempo de sa guitare espagnole.
Cette épitaphe, je la terminerai sur ces mots qu’Abdelwahab Meddeb dira lors d’un entretien avec Tariq Ramadan : «Ce n'est pas parce qu'on est musulman qu'on proteste mais en tant qu'opprimé. La protestation s'est exprimée au nom de l'humanité bafouée. Dès qu'on évoque l'espace du sud, on a le prurit du référent qui engendre la différence. C'est d'ailleurs un réflexe occidental que de voir quelque chose d'islamique dans tout événement qui provient des territoires dont la religion dominante est l'islam. Seule a été invoquée la liberté comme principe qui appartient à l'homme, au droit naturel.»
F. C.-A.
Entretien avec Tariq Ramadan
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