dimanche 9 novembre 2014

A la mémoire d'Ali Ali-Khodja



Je vous pleure,
Vous qui avez quitté le giron créatif,
Me laissant orpheline de vos rêves.
F. C.-A.

Sidi Abderrahmane est sa dernière demeure. Pourtant, la plus omniprésente - exception faite du Ciel où il a son atelier - est celle de ceux qui ont aimé profondément son travail d'artiste-peintre. Ali Ali-Khodja avait le don de la précision dans ses envolées, et celui de la couleur : chaude, de celle qui fait resurgir la muse et l'émotion amoureuse d'avec la miniature; en touches discrètes pour ses merveilleuses aquarelles.
(A Ali Ali-khodja, peintre miniaturiste algérien, décédé le 7 février 2010)

samedi 8 novembre 2014

Clin d'oeil : Julienne Salvat ou quand le volcan fait irruption



Rencontre instantanée, d’où jaillit admiration pour l’écriture originale, hors des sentiers communs, pétrie de tendresse chaude aux couleurs ancestrales de cet auteur qu’est Julienne Salvat. A l’un des rendez-vous du salon de La Plume Noire de Dominique Loubao, ce fut comme des retrouvailles avec une poétesse dont je ne pourrais dire qu’elle me donne ennui, lecture désabusée. Cette fulgurance du poème, ce rire doublé d’une larme profonde, Julienne Salvat vous retient d’avec et vous garde à l’infiniment.
Après une plurialité de recueils, un roman – La lettre d’Avignon – et une nouvelle – Camille, récits d’hier et d’aujourd’hui  nous voici plongés dans une lecture toujours étonnante et d'une texture rare, Fleurs en terrain volcanique, où l’auteur prend ses inflexions à Saint-Denis de la Réunion, où elle y a vécu près de quarante belles années, où elle y a exercé en tant que professeur.
De ses poèmes, je garde celui de La Mer ; il me chante et m’enchante ; il berce mes heures au lever et au coucher du soleil, quand le spleen du poète me prend à la gorge et que je veuille m'envoler par-dessus les nuées.
Fadéla Chaim-Allami




La mer
«Le chant des sirènes est profondément humain, c’est pourquoi il est monstrueux»
La mer
elle contrefait mes illusions éparses
me jette aux yeux
la poudre bleue
de cargaisons amères
dont nul flot pour moi n’affréta le tonnage.
La mer
atlantique matrone chenue
de moi
elle accouche immémoriale
sans ciseaux.
La mer
par calme blanc ou pot au noir
j’irai
de nuit
à la rencontre des sirènes
dans sa voix haut perchées. 
La mer
j’attendrai l’envol de ses belles vocératrices
dont le chant
écholalie de mes espoirs
de mes affaissements
par neumes et roulades
canonise la geste de mes aïeux profonds.
Et puis la mer
sans escorte je m‘abîmerai
dans l’hinterland de ses mornes
ballants
pour y suivre la trace qui me mènera 
jusqu’à l’île essentielle...
(Extrait du recueil collectif ULTRAMARINE)

jeudi 6 novembre 2014

Abdelwahab Meddeb : l'homme est parti, sa pensée demeure



A qui revient-il le devoir d’écrire une épitaphe sur une personne ? Pas à moi, dans tous les cas. Je ne connaissais d’Abdelwahab Meddeb que sa stature d’écrivain, son visage aux traits d’une grande humanité et une voix sur les ondes. Cependant, la frustration est là. Présente. Parce qu’il est un visage de mon univers de pensée, géographique, intellectuel. Je crois que, ce soir, un ami qui n’était pas le mien, est devenu en l’espace d’un instant un ami pour l’éternité. Il n'est pas parti seul et un peu plus loin, toujours en terre de France, un poète de la musique : Manitas de Plata, de son vrai nom Ricardo Baliardo, ne fera plus entendre le tempo de sa guitare espagnole.


Cette épitaphe, je la terminerai sur ces mots qu’Abdelwahab Meddeb dira lors d’un entretien avec Tariq Ramadan : «Ce n'est pas parce qu'on est musulman qu'on proteste mais en tant qu'opprimé. La protestation s'est exprimée au nom de l'humanité bafouée. Dès qu'on évoque l'espace du sud, on a le prurit du référent qui engendre la différence. C'est d'ailleurs un réflexe occidental que de voir quelque chose d'islamique dans tout événement qui provient des territoires dont la religion dominante est l'islam. Seule a été invoquée la liberté comme principe qui appartient à l'homme, au droit naturel
F. C.-A.



Entretien avec Tariq Ramadan

jeudi 2 octobre 2014

Sid Ahmed Chaabane : on n'achève pas les chevaux



En vérité, vous dis-je, les murs peuvent être poussés, peuvent disparaître quand bien même seraient-ils présents sous la rétine qui s’élargit au fur et à mesure que la nuit avance. Prison du corps, emprisonnement des mains qui s’agitent, colombes libres que l’on veut faire taire, tout est signature de Sid Ahmed Chaabane.
Ne noyons pas le vent qui s’éloigne de la mer torturée parce qu’il veut danser sur la ligne de l’horizon lointain. Ne taisons pas les paroles feutrées transformées sous le coup du pinceau pour mieux dire. Autant de brûlures. Intemporalité. Déchaînements ravageurs. Explosion d’émotions enfermées au plus profond de soi, sortant hors des barreaux, sautant hors des frontières imposées aux esprits qui aiment à se mouvoir hors des barbelés du silence.

Ainsi est la peinture de Sid Ahmed Chaabane.

Exposition du 3 octobre au 24 novembre 2014
Les Métiers d’Art d’Agde
Nouvelle galerie de la Perle noire
Place Molière
Contact : 04 67 26 94 12

samedi 27 septembre 2014

Farid Belkahia n’est plus



Peintre et sculpteur, Farid Belkahia fut un homme curieux, aimant les objets traditionnels de son pays dont il fit collection. Grand voyageur, il a parcouru le Proche-Orient arabe, traçant son chemin sur les routes de Jérusalem, Jordanie, Egypte où, durant cette étape, il rencontre Abdelkrim al-Khattabi et, ensuite, la Syrie, l’Irak, puis l’Afrique puis, plus loin encore, la Corée – l’événement des Jeux Olympiques de Séoul pour lesquels il créera une œuvre sculptée  la Chine après laquelle il prendra le transsibérien lors de son retour pour mieux mémoriser le monde. 

Curieux, fasciné par la culture des autres, l’artiste-peintre marocain, même s’il a pied à Marrakech, sa ville natale, n’arrêtera pas d’interroger les cieux incas et de s’intéresser au vécu des habitants de cette partie du monde. Ses voyages lui feront rencontrer des grands noms du monde artistique comme le sculpteur français César ou le réalisateur chilien Raoul Ruiz.


Ainsi, recueille-t-il les émotions, les graphismes, les signes du berbère marocain, les couleurs qui seront l’empreinte de tout ce qu’il a créé : une totale expression contemporaine sur toile ou sur peau de bélier ou bien encore, sur cuivre et papier et, autour, des ateliers pour enseigner l’histoire de l’artisanat marocain via la céramique ou la poterie. Toutes les valeurs anciennes sont pour lui sources de modernité. L'art ancestral de l'homme tachalhit s'exprime dans toute sa plénitude chez Farid Belkahia. Le langage géométrique du corps et la gestuelle quasi architecturale s'interprètent sous les doigts de l'artiste qui se meut fusionnellement avec son histoire chleuh.

Bon vent, Farid Belkahia ! Que la voile vous porte très haut dans le firmament où vous attendent vos aînés !

L'exposition prochaine sur Le Maroc contemporain, que l'Institut du monde arabe inaugure le 14 octobre prochain, sera inaugurée avec les œuvres  de Farid Belkahia.

dimanche 31 août 2014

Théâtre : L'analphabète d'Agota Kristof


«Onze chapitres comme des rites de passage. Brefs et secs comme le destin. Souriants comme la liberté quand elle nargue. De la Hongrie en Suisse, ils vont aussi de l’enfance à l’âge adulte, du cocon familial à l’exil et de la lecture avide à l’apprentissage de la langue. Lire/écrire, L’Analphabète est totalement imprégné de cette jubilation-là. Lire/écrire. Un antidote au malheur. Un pied-de-nez à la vie même : 'Je lis. C’est comme une maladie. Je lis tout ce qui me tombe sous la main. Tout ce qui est imprimé. J’ai quatre ans. La guerre vient de commencer.'»

Un texte signé par Agota Kristof (paru aux éditions Zoé), une mise en scène de Nabil El Azan (auteur notamment d'un recueil poétique Vingt-huit lettres et des poussières) et une scénographie d’Ali Cherri (auteur de courts métrages dont To the lebanese citizens).


Théâtre Les Déchargeurs
du 1er octobre au 22 novembre 2014 - 19h30
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris – M° Châtelet
Réservations : 01 42 36 00 50
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