Evénements et personnalités de la littérature, du cinéma, des arts et spectacles du Maghreb et du Monde arabe.
lundi 31 décembre 2012
lundi 17 décembre 2012
6e festival du film arabe d'Oran

Le 6e festival du film arabe d’Oran (Algérie) a ouvert, samedi, ses portes dans la capitale de l’ouest algérien et se tiendra jusqu’au 22 décembre 2012. Une belle sélection de longs et courts métrages, de documentaires et de films hors compétition s’offre aux passionnés du cinéma.
Un hommage sera rendu à l’actrice algérienne Kalthoum (décédée en 2010) et au cinéaste italien Gillo Pentecorvo (disparu en 2006).
Les longs métrages en compétition


. 33 jours de Jamel Shoorke (Liban) ;
. El-Ustad (Le professeur) de Mahmoud Ben Mahmoud (Tunisie) ;
. The sail and the storm de Ghassan Shmeit (Syrie) ;
. Tora Bora de Walid Alawadi (Koweït) qui est surtout auteur de films-documentaires et dont cette réalisation est le premier long métrage ;

. Coming for by day de Hala Lotfi (Egypte) ;
. L’envie de Khaled Elhaggar (Egypte) ;
. My last friend de Joud Said (Syrie) ;
. Tanoura Maxi de Joe Bouaid (Liban) ;
. The last Friday de Yahia Alabdallah (Jordanie) récompensé par trois prix au Festival du film de Dubai et quatre prix au Festival de San Sebastian en Espagne ;
. Yema de Djamila Sahraoui (Algérie).
dimanche 16 décembre 2012
Talent à découvrir : Maxime Lesimple
Réunion de Maxime Lesimple. Rep. interdite. |
Quelque part en région parisienne. Un week-end à un salon du
livre, sous une pluie fine. Le public n’est pas présent comme l’on aurait pu
s’y attendre. Les auteurs en dédicace sont là, dans l'attente.
Au détour d’une allée, un jeune homme, la vingtaine à peine
passée, un grand book graphique sous le bras. Il s’appelle Maxime
Lesimple, il a les gestes calmes mais le regard est brillant. Il est féru de
graphisme et de photomontage. Il a fait des études pour cela car « le
monde de l’art me passionne » dit-il, même s’il a d’abord commencé par la
musique. Tout l’intéresse, tout le guide sur le difficile chemin de ce que l’on
appelle communément « artistique ». Ce qui l’y pousse ? « Cette
vision que j’ai des « arts », qui ne sont pas spécifiques et définis
comme tels, mais qui, au contraire, s’étendent sur une infinité de
possibilités ».
Naufrage de Maxime Lesimple. Rep. interdite. |
Sa série de photomontages retient la rétine. Travail
patient, exigeant des lieux atypiques, voire isolés. Ensuite, c’est l’assemblage
des scènes les unes aux autres pour donner Drama from Hell et Terra
Nova : mise en scène se déclinant dans une réflexion en profondeur.
L’intemporalité dépasse l’image, tout est dans l’exclusion du pragmatisme.
Le travail de Maxime Lesimple est prometteur et son nom est à retenir.
Site de l'artiste : http://www.maximelesimple.sitew.com/#Photo_montages.D
mardi 4 décembre 2012
Souvenir ancestral : Si M'Hand U M'hand
S’il est des mots du grand barde amazigh M’Hand U M’hand (Algérie) qui
reflètent, plus que je ne saurai le faire, l’exil ressenti depuis des décennies
par tous ceux qui ont perdu ou bien la foi en l’espérance, ou bien l’espoir
en ce qui devrait leur faire chanter des lendemains heureux, ce sont bien
ceux-ci :
Mon mal sans remède
/ L mehna w ur tesâi tt bib
M’a livré à l’exil
/ Teggyi d ayrib
Du plus lointain d’un souvenir que je ne connaîtrai jamais,
ni aujourd’hui, ni après ma mort, Chantre de mon pays ocre, vous lancez votre message à ma mémoire fidèle...
... comme un vieux grand-père tendant sa main solidaire à la fille qui vivra l’exil éternel...
Mots doux à mon oreille mortifère, vous êtes la bougie ayant
gardé sa flamme par-dessus les ans passés, testament de mon hérédité, puits de
ma fécondité.
Ce jour, le souffle de votre voix m’est parvenu, comme feuilles
de figuier enveloppant le fruit de votre chair,
Doucement transformant mon âme dans l’immortalité du souvenir
tendrement prié...
C.A.
vendredi 23 novembre 2012
Galerie Feuillantines : Catherine Seghers et Rached exposent
La
galerie Feuillantine est de ces lieux que l’on aime découvrir au fil d’une
promenade dans ce quartier si douillet mais si surprenant qu’est le cinquième
arrondissement de Paris. La fraîcheur des murs, l’intimité de cette galerie
nous emportent loin de la fontaine Saint-Michel où le bruit et la fureur des
cohortes de visiteurs, des motos, des magasins dégorgeant leur trop-plein sur
les trottoirs agressent nos sens et notre vision.
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Rached. Rep. interdite. |
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Rached. Rep. interdite. |
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C. Seghers. Rep. interdite. |
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C. Seghers. Rep. interdite. |
La fille de l’éditeur Seghers disparu a, comme par mégarde ou intentionnellement, imprégné son travail de son héritage.
Deux
expositions à voir jusqu'au 20 décembre 2012
La galerie Feuillantine
d'André et Bérangère Sinthomez
17, rue des Feuillantines
75015 Paris
Tél. : 06 37 23 84 88 / 06 80 56 96 66
Site : www.galerie-feuillantine.com
dimanche 18 novembre 2012
"Lire Assia Djebar" par le Cercle des amis de la romancière
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Le Cercle des Amis d'A. Djebar. Ph. Arabian People & Maghrebian World. |
Aux voix des inconditionnels d’Assia Djebar s’ajoutera celle de Wassila Tamzali, de Kiyoko Ishikawa qui a traduit L’amour, la fantasia en japonais. Parmi ces voix aussi, intervient la peinture sous le pinceau et la poétique d’Anne-Marie Carthé (voir tableau ci-dessous).
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Oeuvre d'Anne-Marie Carthé en hommage à un roman d'A. Djebar. Rep. interdite. |
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Amel Chaouati (à dte). Ph. Arabian People & Maghrebian World |
Un cheminement des plus intéressants, des plus surprenants parce qu'innovant car il s'agit là d'une première : jusqu'à présent, jamais de lecteurs n'auront écrit ou publié sur un écrivain. Le Cercle des Amis d'Assia Djebar l'a osé et le résultat est des plus sympathiques après ce qui fut, d’abord, une passion de lecteurs pour arriver, par la suite, à un regard de vrais critiques littéraires que les éditions de La Cheminante ont su discerner et retenir.
Lire Assia Djebar !
Editions La Cheminante
64500 - Ciboure
Site : www.metaphorediffusion.fr
Site du Cercle des Amis d'A. Djebar : http://assiadjebarclubdelecture.blogspot.fr/
Clin d'oeil : Bernard Faucon
Bernard Faucon. Les chambres - La chambre d'or. |
Il étudia la philosophie, il s’imprégna de théologie, il
deviendra photographe et il s’éveille auteur. Il est Bernard Faucon, le rêveur
des chambres d’amour et des mannequins buvant un diabolo menthe sur un
arrière-fond de brûlure.
La galerie Berthet-Aittouares expose l’un des plus grands
photographes que l’on connaisse à ce jour. Un photographe qui donne du vivant sur un feu
ou une herbe bleutée et glacifiée ou encore, dans ce qu’il imagine comme
« évolution probable du temps ».
Bernard Faucon. L'évolution probable du temps. |
Nous attendons de regarder des œuvres d’un homme pour qui le
monde s’emprisonne dans un encadré, avec un jeu d’ombres noires et grises. Il
n’en est rien. Bernard Faucon explose les cadres, il entre dans la rétine, il œuvre comme
dans une pièce de théâtre, il est plus qu’un musée Grévin où les personnages de
cire sont purs fantômes: ses mannequins d’adolescents réveillent une
enfance, une époque, passant par-dessus les décennies, avec un rien de
terrifiant dans leurs postures, dans leurs siestes désarticulées... chaque couleur, chaque détail, il en fait une histoire et plus qu'une émotion. Curieusement et cela peut être controversé pour qui ne sera pas en accord avec cette vision, il est comme un léger lien avec Tennessee Williams et sa "Baby dolls" que l'auteur a définitivement fixé dans le temps...
Bernard Faucon n’est pas à présenter, il est simplement à aller à sa
rencontre, à toucher du regard le monde dont il écrit « Un jour nous
aurons le bonheur » même si La chambre qui brûle nous dit le contraire.
Mais dans celle-ci, peut-être faudrait-il voir la purification dans le purisme
d’une pièce où ne règne qu’une table au milieu des flammes, car écrit-il encore
« Mes images sont des pièges, des dispositifs, des ruses pour attraper un peu de vérité. Par le calcul et
les artifices de l’art, ouvrir des fenêtres sur des bonheurs, des paradis
perdus».
Festival Photo Saint-Germain-des-Prés
Voyages et Rêves
BERNARD FAUCON
8 novembre - 8 décembre 2012
Galerie Berthet-Aittouarès
29, rue de Seine - 75006 Paris
Tél : 01 43 26 53 09 / 06 12 06 23 04
E-mail : contact@galerie-ba.com
Site : www.galerie-ba.com
Dimanche 18 novembre 2012 : ouverture exceptionnelle de 15h
à 19h.
lundi 12 novembre 2012
Rana Raouda : les chemins sont multiples sous un seul pinceau
Rana Raouda, si éloignée géographiquement quand elle se
calfeutre quelque part, en Seynod, là où trois ruisseaux se rejoignent pour
mieux communier d’avec leurs eaux. L’artiste-peintre libanaise n’est pourtant
pas retirée du monde car son pinceau dit les espaces qui emportent et
s’emportent, au-delà des ciels libanais et savoyard.
Elle est. Sa peinture est.
« Inner light » ou « Rêverie sur l’aiguille
du midi » vous retiennent, libres dans la simplicité/complexité du
mouvement, l’un se lançant dans l’incandescence des couleurs qui vous
emplissent l’âme, l’autre à l’assaut des bleus qui vous emprisonnent le regard.
Le jeu de l’espace, en touches lumineuses, coulant comme vie
ou comme par accident, dégage un esprit parlant en paliers apposés, sans hâte
mais non sans acuité dans l’envol.
Rana Raouda est. Simplement. Peu importe d’écrire longuement ou non sur son œuvre. Elle se passe de tout mot.
Exposition, du 6 au 29 décembre 2012
Vernissage à 18 heures en présence de l’artiste
Galerie Art on 56th
56th st. Gemmayzeh
Beyrouth
Mail : info@arton56th.com
jeudi 1 novembre 2012
Clin d’œil : Centenaire de la naissance de Léon Gontran Damas. Témoignage vivant de Gisèle Bourquin (3)
L.G. Damas |
Léon Gontran Damas, un passeur

Pour m’illustrer ce qui les différenciait de ses deux
autres « frères de combat » : « Moi, je n’ai pas de complexe
vis-à-vis des blancs : ils étaient nos boys à Cayenne ».
Je n’oublierai jamais cette démonstration sibylline : à
cet instant, j’ai saisi l’importance de la construction mentale et garde cette
réflexion structurante comme un trésor.
Générosité, ouverture: un passeur, médiateur: Il avait le
don de mettre en relation, de partager. Il n’agissait pas par convenance, il
suivait son instinct. Les visiteurs se rencontraient ou se croisaient dans son
séjour en un ballet incessant. J’avais été frappée par une étudiante venue de
Barbade pour travailler sur son œuvre, preuve s’il en est qu’il était déjà, à
l’époque, reconnu hors du petit cercle français.
Ce qu’il m’a apporté
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Gisèle Bourquin (Reproduction interdite) |
Washington où, à dessein, j’ai effectué le mois dernier,
septembre 2012, comme un pèlerinage à la Howard University. J’ai eu le grand
privilège d’aller sur les traces de Damas. J’ai eu un long et bel échange avec
le professeur Ethelbert Miller, grand poète, à la bibliothèque de cette célèbre
université. Le professeur Ethelbert Miller m’a raconté qu’à Washington, lors
d’une rencontre, toutes les hautes personnalités se sont présentées à la
tribune avec force titres et faits de gloire. Quand ce fut le tour de Léon
Gontran Damas, il a simplement dit d’une voix ferme : « Damas »
et rien d’autre. Fi des fioritures, ça, c’était lui !
Des deux côtés de l’Atlantique, la même perception, la
même admiration pour Damas.
Les mots, authenticité, rébellion, liberté, dignité,
désaliénation, ne lui étaient pas étrangers. Et aujourd’hui, je suis « debout
», selon une expression de ma Martinique natale et poursuis mon chemin
grâce à tout cela. La création d’un réseau d’échanges et de transmission de
savoirs par-delà les océans, aujourd’hui incarné en l’association Femmes
au-delà des mers, en est nourri.
Au-delà de mon cas personnel, je peux affirmer que Léon
Gontran Damas avait du rayonnement. Il a spontanément éveillé des consciences,
tracé la route. Et ce qu’il a semé généreusement sans calcul et sans être
doctrinaire sont les racines du futur !
Quels héritiers ? Moi ! Vous ! Nos enfants ! Quels
héritages au seuil du XXIème siècle ? Certains héritages ont déjà
émergé, il en reste beaucoup à inventorier et à valoriser.
Ce témoignage m’apparaît comme le
maillon d’une chaîne à renforcer perpétuellement, celle de la fraternité entre
les hommes de tous horizons. "
Arabian People & Maghrebian World remercie Gisèle Bourquin d’avoir bien voulu lui confier son
témoignage sur le poète Léon Gontran Damas.
Femmes au-delà des Mers
Est une association qui a trois objectifs
essentiels : « une synergie de savoirs et d’expertises multiculturelles issue
des femmes originaires de l’Outre-mer et au-delà...». Ces échanges abordent de
grandes questions comme l’éducation, le patrimoine, la recherche scientifique.
Bien sûr, cela ne s’arrête pas à une simple conceptualisation de ces savoirs et
expertises. L’organisation envisage non seulement de développer un réseau
d’échanges et de transmission des savoirs, mais également de mettre en place un
immense projet, Mémoire et Patrimoine, qui se veut de « conserver des
empreintes grâce à des contributions personnelles pour servir une vision
plurielle de ce qui fonde » nos sociétés et cela, à partir d’une
« réalité d’expériences vécues ».
Toutes les femmes au destin non médiatisé, via leurs
compétences, leurs activités, leurs centres d’intérêt -ces femmes de l’Outre-mer
(et d’ailleurs)- sont cette « passerelle de savoirs liés aux
femmes ».
Informations
mercredi 31 octobre 2012
Clin d’œil : Centenaire de la naissance de Léon Gontran Damas. Témoignage vivant de Gisèle Bourquin (2)
Léon Gontran Damas |
« Inattendu, surprenant et
profond, spontané » nous confie Gisèle Bourquin, présidente de Femmes au-delà des Mers (*), dans cette seconde partie
de son témoignage sur Léon Gontran Damas à l'occasion du centenaire de la naissance du poète guyanais.
Autour de Léon Gontran Damas
« Sans être intime avec les Damas, j’ai partagé des moments
importants y compris celui d’avoir été conviée au repas de mariage avec
Marietta.
C'est à l’instigation de Damas et souvent par son
intermédiaire que j'ai rencontré bien des gens de lettres, j’ai pu côtoyer
ainsi l’anthropologue Michel Leiris et, plus généralement, ceux et celles qui
étaient désireux de s’ouvrir aux différentes cultures humaines, d’aller au-delà
des clichés.
Damas était membre du Pen club, il fréquentait l'UNESCO,
cette maison -fort prestigieuse à l'époque- et j’ai pu y participer à des séminaires
de haute volée.
A Présence Africaine, la Sorbonne des Noirs ! j’ai
dialogué avec bien des intellectuels : Alioune Diop, son fondateur et
directeur, sa femme Christiane Diop, aussi discrète que Marietta et bien
présente, Lamine Diakhaté, Sénégalais, ami d'Hélène Bouvard également, Jacques
Howlett, Bernard Dadié, Ivoirien, fidèle ami de Damas, Bakary Traoré.
Présence Africaine, point névralgique de ce Quartier Latin bien foisonnant où
des professeurs faisaient prendre, appréhender l’importance des cultures
africaines. Dans le même temps, j’avais des entretiens avec Aimé
Césaire, soit lors des répétitions de ses pièces par Jean Marie Serreau dans un
cinéma, Place Clichy, soit chez lui, Porte Brancion.
L’intérêt de Damas pour l’art africain était réel. La
projection à son initiative du documentaire Un autre regard (16
minutes) de Philippe Brunet, m’a marquée : c’était l'illustration
magistrale par l'image de l'influence de l'art nègre (les masques) sur l'art
français (peinture, sculpture). Braque, Modigliani, Loth, Max Ernst.
Aujourd’hui, cela peut paraître aller de soi ; en 1966, c’était loin d’être
le cas. Par la suite, comme pour répondre aux aspirations de Damas, esthète
aimant autant la musique que le cinéma- ce même Philippe Brunet sortira, trois
ans plus tard, un 53 minutes Du tam-tam au jazz (histoire des rythmes
africains).
![]() |
Gisèle Bourquin (Reproduction interdite) |
En 1967, j’entreprends des recherches sur la littérature
orale africaine avec Denise Paulme à l'Ecole des Hautes Etudes Pratiques et
suit un séminaire au Musée de l’homme avec, comme condisciple, entre autres,
Ina Césaire.
Ces échanges m’ont permis d’accéder à une perception
nouvelle du monde qui m’a obligée à affûter mes critères de jugement et ma
vigilance dans le choix de mes engagements. Chemin tout tracé ! Je me retrouve
en septembre 1968 en République démocratique du Congo comme enseignante à
l’Université libre du Congo à Kisangani. L’empreinte de Damas et de Césaire était
là !
Quel homme était Léon Gontran Damas ?
Je dirais qu’il était comme ses poèmes !
Simple… apparemment ! Inattendu, surprenant et profond,
spontané.
Il avait une voix agréable qui, selon moi, n'était pas
assortie à ce corps plutôt frêle surmonté d’une tête imposante. D’où sans doute
le surnom « gro tête » que lui donnait ses camarades à l’école. Il disait
ses propres textes à merveille.
Il était toujours bien mis avec une pointe d’originalité
mais sans extravagance, il portait souvent un chapeau.
Ayant toujours le sens de la formule, sarcasme perpétuel,
simplicité, authenticité, ironie, humour.
Sensible. Son émotion était sincère quand il lui est
arrivé -je ne sais comment- d’évoquer sa douleur à la mort de son ami Robert
Desnos et pour qui il a écrit La Seine a vu pleurer un homme…
Son ressentiment était palpable, en évoquant un critique
qui l’avait qualifié de fantasque (le critique avait écrit caractère
fantasque et susceptible. On trouvera chez d’autres le qualificatif de fantasque
à son propos).
Espiègle. « J’ai refusé de parler jusqu’à 6 ans » m’a-t-il
dit, avec un sourire et ses yeux perçants guettant ma réaction. Devant ce qu’il
semblait me présenter comme un bon tour joué aux adultes, moi toute jeune et
interloquée, je ne pense pas avoir fait de commentaires. Damas me
décontenançait quelquefois.
Il était incisif, moqueur : la conversation venant sur une
chanteuse : « elle est laide » dit-il avec ce même sourire qui
pourtant n’était pas de la méchanceté.
Joséphine Baker ! « Ridicule, danser avec une
ceinture de bananes ! »
__________________________________________
(*) Voir fin de la 3ème et dernière partie du témoignage de G. Bourquin.
mardi 30 octobre 2012
Clin d’œil : Centenaire de la naissance de Léon Gontran Damas. Témoignage vivant de Gisèle Bourquin (1)
Léon Gontran Damas |
Le 17e salon du livre de la Plume Noire, qui
s’est tenu du 19 au 20 octobre derniers, a célébré le centenaire de la
naissance du grand poète guyanais, Léon Gontran Damas.
Parmi les personnalités du monde universitaire et littéraire, Gisèle Bourquin, présidente de l’association Femmes au-delà des Mers, a fait un émouvant témoignage sur le poète disparu.
Une dame qui se tourne vers tous les horizons, engrangeant
des expériences africaines par son parcours en Afrique qu’elle a découverte
« à travers le regard d’Aimé Césaire » ainsi qu’elle le dira, des expériences
moyen-orientales car elle travaillera au Moyen-Orient et puis, des expériences
outre-mer, ses racines étant là même si elle vit depuis l’enfance en France.
Tout ce parcours, elle a souhaité le mettre à la portée de femmes et, aussi,
d’hommes, en tant que partage et solidarité, en créant Femmes au-delà des mers
en 2007.
Un objectif qui met des femmes en lumière et, surtout, des
femmes qui montrent le chemin. De sorte que l’on ait envie d’avancer, de dire
que « tout est possible », car appréhender le monde permettrait
que celui-ci « se développe de façon plus harmonieuse » (voir, en fin
du 3ème volet, une présentation succincte de Femmes au-delà des mers).
Gisèle Bourquin a bien voulu partager avec nous son
témoignage sur sa rencontre avec le poète Léon Gontran Damas que nous présentons exceptionnellement dans son intégralité et en trois parties.
Ma rencontre avec Léon Gontran Damas
Alors que j'entreprenais des recherches sur Aimé Césaire,
Hélène Bouvard, femme de lettres m’introduit auprès de Damas. C'était un
dimanche après-midi et je me rends près du Champ de Mars. Marietta et lui
m’accueillent mais très vite elle se met en retrait. Marietta ! Belle
brésilienne, discrète, calme, de qui émanait une étrange sérénité. Iwiyé Kala
Lobé, journaliste de Présence Africaine, a tenu à assortir son hommage posthume
à Damas d’un post-scriptum intitulé « sainte Marietta » : les amis de
Damas sont unanimes pour reconnaître à Marietta une influence tranquille qui a
opéré une salutaire transformation.
![]() |
Gisèle Bourquin (Reproduction interdite) |
1966. Nous sommes au lendemain des indépendances en
chaîne, la guerre d'Algérie vient de se terminer. Aux Etats-Unis, les
noirs intensifient leur légitime revendication : Angela Davis dérange. Je
renonce à un périple aux Etats-Unis avec un groupe d’étudiants parisiens, ne me
sentant pas de taille à affronter les effets de la ségrégation dans le sud des
Etats-Unis. De même, à l’époque, pour moi un séjour en Afrique du Sud n’est pas
envisageable. En France, la ségrégation n’est certes pas érigée en loi,
toutefois la discrimination est larvée : dans un organisme d'assistance aux
étudiants, le Copar, on peut noter que le propriétaire veut des étudiants de
couleur ... blanche !
En 1966, à Paris, pour la première fois, la chanson se met
au service d’une grande cause humanitaire ! Au Palais des Sports, un concert
animé par Harry Belafonte en l’honneur et en présence de Martin Luther King, au
profit de la lutte contre le racisme fera date… Martin Luther King sera
assassiné deux ans plus tard !
Le monde du théâtre est en pleine effervescence : au
théâtre Lucernaire -à l’époque dans le Quartier latin- les Nègres de
Jean Genêt, tandis qu’à Montparnasse, le Métro Fantôme de Leroy Jones
dénonce les stéréotypes raciaux. Le palais de Chaillot accueille Les ancêtres
redoublent de férocité de l’algérien Kateb Yacine, des pièces de Berthold
Brecht. Quant à la Tragédie du Roi Christophe d’Aimé Césaire,
jouée à Venise en 1964, elle allait prendre le chemin de Dakar pour le Premier
festival des Arts Nègres.
C'est dans cette atmosphère que j’entreprends d’étudier le
théâtre d'Aimé Césaire et ce travail me conduit fort heureusement vers Damas."
(à suivre)
(à suivre)
Léon Gontran Damas
Le poète guyanais est né le 28 mars 1912 et est mort en 1978. Il est enterré en Guyane. Dans les
années quarante, il a fondé avec Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor, le
mouvement de la négritude. Chantre du chant rebelle, il a toujours mis au banc
de l’accusation la politique de l’assimilation.
Sa poésie est d’une telle
écriture qu’elle s’ancre profondément dans la culture et les idées, certes,
pour son époque mais pour notre époque-ci. Sa parole demeure intacte pour qui
se retrouve dans ce qu’elle draine. Même quand elle déchire l’âme, qu’elle
donne le blues de l’homme se battant contre le déracinement, elle est vive,
elle retient, elle fascine.
A lire : Pigments et
Névralgies (Présence Africaine), Black-Label (Gallimard), Retour de Guyane
(José Corti).
mercredi 24 octobre 2012
6th Abu Dhabi Film Festival : "Lamma Shoftak" d'Annemarie Jacir, Meilleur film du monde arabe

Le film est un long
métrage ayant pour trame la guerre de l’été 1967 : après le contrôle de Ghaza, du Sinaï, de
Jérusalem-Est et le plateau du Golan par les forces israéliennes, des familles
se retrouvent dans la tourmente sur la route. C’est le chaos. Un enfant, Tarek
(rôle tenu par Mahmoud Asfa), et sa mère Ghaydaa (Ruba Blal) se retrouvent dans
le camp de réfugiés de Harir.

Son précédent long métrage
– Le sel de la mer (Malh haza-l-Bahr) – a reçu plusieurs récompenses lors de festivals
cinématographiques dont le prix de la Critique FIPRESCI, celui du meilleur film
du Traverse City film festival.
Annemarie Jacir vit en
Jordanie actuellement.
Notre commentaire : Un Palestinien n'est jamais loin de sa terre et, donc, de lui-même, quel que soit le chemin emprunté. Comment dire qu'autant de beauté et de souffrance puissent se trouver entremêlées dans Lamma Shoftak, à la fois intimistes et dénudées dans le chaos que l'on entraperçoit ? Au-delà de l'Histoire, il y a cette peinture de deux êtres liés par le sang de la parenté et par le sang du peuple. Il ne nous reste qu'à attendre une sortie en salle...
Abu Dhabi Film Festival
Building 2 – Pink
Mezzanine level
twofour54
Khalifa Park, Off Salam Street
PO Box 77935 Abu Dhabi
Emirats arabes unis
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twofour54
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