(Interview suite et fin)
Les grands esprits ont une particularité seule à
eux-mêmes : la douceur qui monte du cœur pour embrasser le monde extérieur
! Et c’est aussi l’illustre penseur roumain qui me disait que l’être humain n’a
pas besoin de mots pour accepter le bonheur ! Ce soir-là, je ne voulais
pas décevoir mon Cioran, et s'il m'était possible de donner un nom à l’extase,
eh bien, ce nom ne pourrait être autre que l'accord entonné par Ahmed Lasfer en
chaâbi ou bien en kabyle.
M.
L-M. : Votre initiative est à l’origine de la création du groupe Yaness.
Quels sont les autres membres du groupe ?
Ahmed
Lasfer : Comme je le disais plus haut, après quelques années en France, la
pratique musicale et surtout la scène me manquaient énormément. En 2003, j’ai
pris la décision de monter un groupe de musique et je me suis mis à chercher
des musiciens. C’est là où j’ai rencontré les musiciens actuels du groupe. Le
noyau dur est formé par :
Amine
CHAFAÏ au violon,
Amine
TADJER à la flûte traversière,
Khiredine
MEDJOUBI aux percussions,
Emrah
KAPTAN à la basse.
Selon
l’importance de la scène, ce noyau est parfois renforcé par d’autres musiciens
qui se joignent à nous comme Lisa Morrison à la harpe ou Djamel Hamiteche à la section rythmique, pour ne
citer que ceux-là.
M.
L-M. : Dévoilez-nous l’historique de votre groupe et la signification du
concept Yaness.
Ahmed
Lasfer : La signification de Yaness veut dire "Oh ! Gens" (Ya
! Ness). C'est tout simplement le fait d'interpeller l’auditoire et de
l'inviter à écouter une histoire, un conte, un point de vue, un message, une
chanson.
Comme
je le disais tout à l’heure, notre héritage culturel ne se limite pas à la
seule Kabylie. Le nom du groupe, Yaness, est en réalité un clin d'œil à un
personnage qui a existé pendant longtemps dans la région du Maghreb. Il égayait
les places publiques et animait les cafés. Véritable véhicule de la culture
orale maghrébine, ce dernier s'appelle le "Goual" qui veut dire le "conteur". D’ailleurs, le roman intitulé L’enfant de
sable écrit par l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun illustre très bien
la place du "conteur" dans la société maghrébine.
Le groupe Yaness et Ahmed Lasfer (centre) (Reproduction interdite) |
Ainsi,
depuis sa création en 2003, Yaness enchaîne des concerts et participe à
plusieurs festivals parmi lesquels je peux citer la Maison de la radio (Paris),
le théâtre Adyar (Paris), le Café Charbon (dans la Nièvre), le Festival Mosaïk
aux Mureaux (Ile-de-France), Festival les Jeudis Lamballais (en Côtes d'Armor),
le Festival Panorama des Cinémas du Maghreb (Ile-de-France) et bien d’autres.
M.
L-M. : Yaness a tenu et a été invité à plusieurs concerts. Pouvez-vous citer
quelques scènes ? Quelle est la scène où vous avez reçu le maximum de
l’admiration de votre public ?
Ahmed
Lasfer : Il m’est difficile de citer une scène particulière pendant
laquelle notre public a été le plus ravie. Chaque concert est différent des
autres. Pour ne pas vous décevoir et pour me forcer à répondre à votre
question, je citerai le dernier concert que nous avons donné au Centre culturel algérien à Paris.
En
matière de public, je pense que nous avons un public très cosmopolite et très
diversifié. Il est présent à tous nos concerts et il nous suit partout. J’adore
aller à sa rencontre…
M.
L-M. : Yaness est dans l’attente de la sortie de son premier CD. Comment
vous préparez-vous pour ce premier grand pas sur le chemin de la reconnaissance
publique de votre sensibilité lyrique et artistique ?
Ahmed
Lasfer : En effet, nous sommes actuellement en plein enregistrement de
notre album. Cela se passe dans une très bonne ambiance. Nous travaillons
beaucoup et nous nous amusons beaucoup aussi. Au regard de cet agréable climat
qui règne entre les musiciens, j’espère qu’il rencontrera beaucoup de succès.
Il sera dans les bacs fin d’année 2012.
Nous
nous préparons également à faire sa promotion.
M.
L-M. : Vous êtes un jeune heureux papa de deux très jolies fillettes.
Pensez-vous leur transmettre le don du chant et de la musique ?
Ahmed
Lasfer : J’ai deux filles âgées de six et cinq ans avec lesquelles je passe
beaucoup de temps. Elles me rendent heureux.
Je
partage déjà avec elles ma musique. A leur demande, elles m’accompagnent pour
assister à certains de mes concerts. A la maison, elles sont les premières à
écouter mes nouveautés. Elles représentent mon premier public.
A
l’avenir, je souhaiterai faire d’elles de vraies partenaires dans la pratique
musicale. Elles commenceront à prendre
des cours de musique dès cette année.
Propos
recueillis par
Marilena Licǎ-Maşala
Ahmed
Lasfer, poète, auteur, compositeur, musicien et interprète d’origine
algéroise-kabyle. Depuis 1999, il s’installe en France où il développe un style
musical qu’il qualifie de "musique métissée du Maghreb". Ses
compositions puisent leurs racines dans la musique du Maghreb et s’ouvrent sur
toutes les sonorités musicales méditerranéennes. Ses poèmes écrits en arabe ou
en kabyle, habillent parfaitement ses musiques colorées. Il est le fondateur et
l’animateur principal du groupe Yaness (2003) qui a plusieurs spectacles
et concerts à
son actif sur les scènes françaises et européennes. Un CD est en cours
d’enregistrement.
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