dimanche 21 octobre 2012

Ahmed Lasfer : Yaness, de la tradition kabyle à la musique métissée du Maghreb (suite et fin)



Ahmed Lasfer
en concert à St-Ouen
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Par Marilena Licǎ-Maşala
(Interview suite et fin)

Les grands esprits ont une particularité seule à eux-mêmes : la douceur qui monte du cœur pour embrasser le monde extérieur ! Et c’est aussi l’illustre penseur roumain qui me disait que l’être humain n’a pas besoin de mots pour accepter le bonheur ! Ce soir-là, je ne voulais pas décevoir mon Cioran, et s'il m'était possible de donner un nom à l’extase, eh bien, ce nom ne pourrait être autre que l'accord entonné par Ahmed Lasfer en chaâbi ou bien en kabyle. 

M. L-M. : Votre initiative est à l’origine de la création du groupe Yaness. Quels sont les autres membres du groupe ?
Ahmed Lasfer : Comme je le disais plus haut, après quelques années en France, la pratique musicale et surtout la scène me manquaient énormément. En 2003, j’ai pris la décision de monter un groupe de musique et je me suis mis à chercher des musiciens. C’est là où j’ai rencontré les musiciens actuels du groupe. Le noyau dur est formé par :

Amine CHAFAÏ au violon,
Amine TADJER à la flûte traversière,
Khiredine MEDJOUBI aux percussions,
Emrah KAPTAN à la basse.

Selon l’importance de la scène, ce noyau est parfois renforcé par d’autres musiciens qui se joignent à nous comme Lisa Morrison à la harpe ou Djamel Hamiteche à la section rythmique, pour ne citer que ceux-là.

M. L-M. : Dévoilez-nous l’historique de votre groupe et la signification du concept Yaness.
Ahmed Lasfer : La signification de Yaness veut dire "Oh ! Gens" (Ya ! Ness). C'est tout simplement le fait d'interpeller l’auditoire et de l'inviter à écouter une histoire, un conte, un point de vue, un message, une chanson.
Comme je le disais tout à l’heure, notre héritage culturel ne se limite pas à la seule Kabylie. Le nom du groupe, Yaness, est en réalité un clin d'œil à un personnage qui a existé pendant longtemps dans la région du Maghreb. Il égayait les places publiques et animait les cafés. Véritable véhicule de la culture orale maghrébine, ce dernier s'appelle le "Goual" qui veut dire le "conteur". D’ailleurs, le roman intitulé L’enfant de sable écrit par l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun illustre très bien la place du "conteur" dans la société maghrébine.
Le groupe Yaness et Ahmed Lasfer (centre)
(Reproduction interdite)
A notre manière, nous racontons des histoires, des contes, des faits de société et les transformons en chansons. Notre place publique, c'est la scène.
Ainsi, depuis sa création en 2003, Yaness enchaîne des concerts et participe à plusieurs festivals parmi lesquels je peux citer la Maison de la radio (Paris), le théâtre Adyar (Paris), le Café Charbon (dans la Nièvre), le Festival Mosaïk aux Mureaux (Ile-de-France), Festival les Jeudis Lamballais (en Côtes d'Armor), le Festival Panorama des Cinémas du Maghreb (Ile-de-France) et bien d’autres.

M. L-M. : Yaness a tenu et a été invité à plusieurs concerts. Pouvez-vous citer quelques scènes ? Quelle est la scène où vous avez reçu le maximum de l’admiration de votre public ?
Ahmed Lasfer : Il m’est difficile de citer une scène particulière pendant laquelle notre public a été le plus ravie. Chaque concert est différent des autres. Pour ne pas vous décevoir et pour me forcer à répondre à votre question, je citerai le dernier concert que nous avons donné au Centre culturel algérien à Paris.
En matière de public, je pense que nous avons un public très cosmopolite et très diversifié. Il est présent à tous nos concerts et il nous suit partout. J’adore aller à sa rencontre…

M. L-M. : Yaness est dans l’attente de la sortie de son premier CD. Comment vous préparez-vous pour ce premier grand pas sur le chemin de la reconnaissance publique de votre sensibilité lyrique et artistique ?
Ahmed Lasfer : En effet, nous sommes actuellement en plein enregistrement de notre album. Cela se passe dans une très bonne ambiance. Nous travaillons beaucoup et nous nous amusons beaucoup aussi. Au regard de cet agréable climat qui règne entre les musiciens, j’espère qu’il rencontrera beaucoup de succès. Il sera dans les bacs fin d’année 2012.
Nous nous préparons également à faire sa promotion.

M. L-M. : Vous êtes un jeune heureux papa de deux très jolies fillettes. Pensez-vous leur transmettre le don du chant et de la musique ?
Ahmed Lasfer : J’ai deux filles âgées de six et cinq ans avec lesquelles je passe beaucoup de temps. Elles me rendent heureux.
Je partage déjà avec elles ma musique. A leur demande, elles m’accompagnent pour assister à certains de mes concerts. A la maison, elles sont les premières à écouter mes nouveautés. Elles représentent mon premier public.
A l’avenir, je souhaiterai faire d’elles de vraies partenaires dans la pratique musicale. Elles commenceront à prendre  des cours de musique dès cette année.

Propos recueillis par Marilena Licǎ-Maşala


Ahmed Lasfer, poète, auteur, compositeur, musicien et interprète d’origine algéroise-kabyle. Depuis 1999, il s’installe en France où il développe un style musical qu’il qualifie de "musique métissée du Maghreb". Ses compositions puisent leurs racines dans la musique du Maghreb et s’ouvrent sur toutes les sonorités musicales méditerranéennes. Ses poèmes écrits en arabe ou en kabyle, habillent parfaitement ses musiques colorées. Il est le fondateur et l’animateur principal du groupe Yaness (2003) qui a plusieurs spectacles et concerts à son actif sur les scènes françaises et européennes. Un CD est en cours d’enregistrement

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